"Mes mémoires du rêve à Reality" : Vladimir Cosma rembobine sa vie et ses musiques de films
Vladimir Cosma est compositeur, mélodiste, violoniste et chef d'orchestre. Il a composé la musique d'un grand nombre de films du cinéma français pendant et depuis presque six décennies. Récompensé dans le monde entier, on lui doit notamment les bandes originales de films comme Le Grand Blond avec une chaussure noire, Diva, Les aventures de Rabbi Jacob, L'As des as, La Boum ou encore Le Bal d'Ettore Scola. Ce dernier film, devenu culte, vient d'être retravaillé et revisité à l'occasion de ses 40 ans. En parallèle, Vladimir Cosma publie une autobiographie : Mes mémoires du rêve à Reality aux éditions Plon.
franceinfo : Votre livre, c'est l'histoire finalement d'un enfant surdoué pour le violon qui s'est produit depuis ses huit ans avec son père à Bucarest, avant de quitter la Roumanie pour un avenir différent, en France. Ce premier chapitre, vous lui avez donné un titre fort puisqu'il s'intitule : Un enfant de Staline.
Vladimir Cosma : C'était mon idole. Quand j'étais petit. On se réunissait par centaines de milliers de pionniers. C'étaient des jeunes avec une cravate rouge etc. sur des places et on criait "Staline, Staline", c'était le petit père des peuples.
Ça fait du bien de poser des mots, de raconter son histoire ?
J'ai écrit ces mémoires surtout pour donner mon point de vue et ma vérité par rapport à l'époque qu'on vit. Par exemple, ma vie en Roumanie, on veut la présenter comme un cauchemar, alors qu'en Roumanie, musicalement parlant, c'était formidable. On avait Prokofiev, Chostakovitch, tous les grands artistes, je les voyais et j'ai été nourri, je me suis cultivé dans cette approche de la musique.
"Le violon m'a sauvé la vie puisque je suis parti de Roumanie avec mon violon et deux cahiers de musique. C'est tout. Et j'ai fait ma vie avec ces outils-là."
Vladimir Cosmaà franceinfo
En 1983, quand sort le film d'Ettore Scola, Le Bal, vous avez 43 ans. Vous allez recevoir le César de la meilleure musique originale. C'était très particulier pour vous, parce qu'il y avait déjà une musique de film qui avait été créée et il n'en voulait pas.
C'est la seule fois où j'ai refait la musique d'un confrère que j'appréciais. Armando Trovajoli était un grand compositeur. Scola aimait cette musique et il voulait la garder, mais le distributeur du film, et d'autres producteurs trouvaient que la conception était erronée, qu'il fallait refaire la musique. Enfin, c'était une condition sine qua none, c'est-à-dire que si on ne changeait pas la musique, ils ne sortaient pas le film.
Armando était un des meilleurs amis d'Ettore Scola et ce dernier vous a dit qu'il allait rester avec vous pendant toute la création de votre bande originale de film.
Oui. D'ailleurs quand Scola est venu à Paris me voir, il a accepté enfin de venir à moi. Il sonne à la porte et j'ouvre la porte. Qu'est-ce que je vois ? Scola, accompagné de Trovajoli. C'était comme un homme qui va chez sa maîtresse, accompagné par sa femme. C'était un peu ça la chose, mais enfin, j'ai dû subir ça pendant tout l'enregistrement du film comme des scènes de ménage entre eux deux. C'était une commedia dell'arte italienne, ça criait de partout, c'était la bagarre permanente.
Je voudrais qu'on parle d'un autre aspect qu'on connaît moins finalement de vous, c'est les dessins animés. Vous êtes quand même à l'origine de Astérix et Obélix et la surprise de César. Astérix et Obélix chez les Bretons aussi, Les mondes engloutis, c'est vous. Est-ce que ça vous définit d'essayer des choses et de raconter des histoires à travers la musique ?
Les gens trouvent qu'il y a quelque chose de commun et ils reconnaissent ma musique, que ça soit dans un film ou dans un dessin animé. Je fais toujours le même genre. Et quand j'ai écrit un opéra, Marius et Fanny, j'ai fait ça comme une musique de film.
"Pour moi, la musique de film n'existe pas en tant que genre. Que ce soit un dessin animé, un film de fiction ou ce que vous voulez, je fais toujours de la musique avec ma sensibilité."
Vladimir Cosmaà franceinfo
La musique de La Boum occupe quand même une place particulière dans votre vie ? Avec Reality et Richard Sanderson qui est souvent sur scène avec vous quand vous faites des concerts avec orchestre.
Oui, c'est un miracle, quoi. On se demande si un miracle peut arriver. Il m'est arrivé à l'occasion de La Boum et à l'occasion d'autres musiques comme celles du Bal, un miracle d'un autre genre, mais un miracle quand même.
Il représente quoi, ce film ?
Un objectif réalisé et abouti, en quelque sorte, puisque j'ai fait la musique en ayant pour une fois dans la tête que je pourrais avoir le César, puisqu'on a des récompenses de ce genre pour des films dits "sérieux" et pas pour des comédies légères comme je faisais habituellement. Et j'ai pensé Le bal, Ettore Scola, je pourrais peut-être avoir ça. Et le fait de l'avoir eu, c'était un objectif réalisé.
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