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"Je vois toujours la vie du bon côté" : Sophie Tapie dévoile une version augmentée de son dernier album "1988"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteure, musicienne, comédienne et fille de Bernard Tapie, Sophie Tapie. Elle réédite en version augmentée son précédent album sous le titre "1988 renaît de ses cendres".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La chanteuse et comédienne Sophie Tapie, en 2013, lors d'un concert dans les Arènes de Nîmes. (© AZRIA JEAN CLAUDE / MAXPPP)

Sophie Tapie est auteure, musicienne et comédienne. Elle est aussi la fille de l'homme d'affaires Bernard Tapie. On l'a vu au cinéma, sur scène au théâtre et à la télé dans l'émission The Voice sur TF1, en 2012. Son premier album, Sauvage, sorti en 2015, était une déclaration d'amour à la musique country et son album, 1988, marquait son attirance pour la pop des années 80. Elle réédite ce dernier, en version augmentée 1988 renaît de ses cendres.

franceinfo : Parmi les 11 titres qui composent cet album, Le Phénix parle de résurrection, de combat pour la vie, un titre qui fait référence à votre famille.  1988 renaît de ses cendres vous définit parfaitement ?

Sophie Tapie : Oui, il y a eu un avant et un après, évidemment, comme tout le monde peut l'imaginer. Du coup, j'ai préféré faire une réédition de cet album parce que j'avais des choses à ajouter.

Il y a quatre nouveaux titres. Qu'est-ce que vous aviez envie d'ajouter ?

Avec mes mots, j'avais envie de rajouter le fait de vivre pleinement, à 100%. Je vois toujours la vie du bon côté. J'avais envie de parler de cette facette de ma personnalité.

Évidemment, vous êtes assimilée à l'homme d'affaires, Bernard Tapie. Mais, en même temps, vous n'avez pas vraiment vécu toute l'ascension de votre père puisque vous êtes arrivée tard dans la famille.

Je suis arrivée très tard. Ça a commencé à être un peu plus compliqué quand j'ai eu six ou sept ans. Après, ça a été un très, très long combat contre la justice, contre l'État français. Je n'ai pas connu cette espèce de "Tapie Mania", de fan attitude, je ne l'ai connu qu'au travers de l'Olympique de Marseille.

C'est dur à vivre, ça, justement ? On vous a assimilé à ça alors que vous étiez toute petite.

Je ne sais pas. J'ai l'impression que ça m'a plus apporté que desservi dans ma personnalité. Je suis très dure avec moi-même et je suis très dure avec les autres.

Je pense que je suis prête à affronter à peu près tout dans la vie.

Sophie Tapie

à franceinfo

Qu'est-ce que vous gardez de votre père ?

C'est une phrase toute bête "Le vice et le tournevis". Tout est dit là-dedans.

Et de votre mère ?

La sagesse, en plus. Elle est encore plus forte que mon père. Elle ne se montre pas, mais elle a , je pense, encore plus de couilles que lui, très honnêtement. Elle vit un truc absolument infâme en ce moment, laissée complètement de côté, mais elle est d'une force à toute épreuve. J'essaie de me rapprocher le plus d'elle.

Vos parents vous ont beaucoup soutenu pour faire ce que vous aviez envie de faire. Vous avez commencé d'ailleurs en montant sur scène. Vous avez eu un coup de foudre pour Johnny Cash et vous allez décider d'apprendre un métier et de partir en Angleterre, très jeune, suivre des cours dans la Regent's Arts Education School. Cette école vous a aussi permis d'en savoir un peu plus sur qui vous étiez.

J'étais prête psychologiquement à me dire que ça allait être encore plus dur pour moi parce qu'il y aurait toujours ce jugement et cette ombre derrière moi qui va dire : "Oui, mais si elle est là, c'est parce que..." Donc, je me suis dit : le meilleur test, c'est de voir si ailleurs, où ils ne savent absolument pas qui je suis, est-ce que je suis prise ou pas ? Et du moment où j'ai été prise, je me suis dit : plus jamais ça ne me touchera si quelqu'un me dit que je ne suis pas à ma place parce que moi, quand je me regarde dans le miroir, je sais que je mérite cette place.

Quand vous allez sortir de là, vous allez monter sur scène pour la pièce : Oscar et vous êtes la seule personne à avoir pistonné votre père ! C'est-à-dire que c'est vous qui allez souffler le nom de votre père au metteur en scène pour le faire venir.

La pièce 'Oscar' est la seule fois où j'ai partagé quelque chose d'artistique avec mon père.

Sophie Tapie

à franceinfo

C'était dur, mon père n'était pas juste acteur, il ne savait pas se cantonner à son rôle de comédien, il fallait qu'il gère tout le monde.

Est-ce que ce n'était pas trop, pour vous ? Vous laissait-il de l'espace ?

Non... Il ne laissait de l'espace à personne ! Mais justement, c'est la meilleure école, trouver de l'espace quand il n'y en a pas. Parce que oui, parfois, c'était compliqué, même dans les dîners de famille, il fallait que l'attention soit sur lui. C'était lui, le chef. Mais c'est bien d'un autre côté, parce que malgré toutes les tempêtes qu'on a traversé, il y avait quand même le capitaine. Le bateau, c'était ma mère. Mais le capitaine était à son poste, il n'a jamais abandonné son poste et c'est hyper rassurant. C'est un peu animal comme instinct. On se sent très protégé face à quelqu'un comme ça.

Quand l'album est sorti, ce qui était mis en avant, c'était le phénix. Vous dites : "Sans liberté, je ne sais pas faire. Comme le phénix renaît de ses cendres, mon âme n'est pas à vendre".

En fait, je parle à sa place. Cette chanson, je l'ai écrite comme il l'était, lui, au travers de mes yeux. C'est ce que je l'entendais dire en parlant de lui. La liberté, c'est vrai que ça ne s'achète pas. Il l'a vécu quand il était en prison. Ça a été le plus gros traumatisme de sa vie, encore plus que la maladie, je pense.

Jusqu'au bout du bout, il est resté debout. Il a essayé...

Oui, il n'a jamais voulu faire une nuit à l'hôpital.

Est-ce que vous avez trouvé le temps avant qu'il ne parte d'avoir un vrai échange avec lui ?

Je n'ai pas eu besoin de "derniers instants" parce que j'ai eu 33 ans pour lui dire.

Est-ce que vous allez vous laisser encore plus l'opportunité de vous faire du bien, de vous mettre à nu ?

Je vais continuer à écrire. J'aime bien écrire pour les autres aussi. C'est un bon exercice parce que ça m'éloigne de ma propre vie. J'ai l'impression de sortir de mon corps quand je fais ce genre d'exercice, ça me plaît.

Et puis, c'est aussi une façon de lui permettre de continuer à vivre.

C'est exactement ça, mais c'est un peu de pression, je le ressens, le fait d'être une personne publique, c'est malgré nous. Ma famille m'a mis un peu la pression sans le vouloir. Ce n'est pas moi l'aîné, ce n'est pas moi qui vais gérer la famille. Pas du tout. Pour moi, Tapie est une marque et le problème, c'est que sur la brique de lait, maintenant, c'est ma tête et ça, ça met un peu la pression, il va falloir que je me détende.

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