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Guy Marchand a fait "dix ans de placard avant de bien jouer de la clarinette"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’acteur, chanteur, écrivain, musicien Guy Marchand pour son nouvel album : "Né à Belleville".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'acteur Guy Marchand, le 28 août 2011. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le nouvel album de Guy Marchand, Né à Belleville, est un autoportrait sans artifice, sans fausseté de ce musicien dans l’âme. Il nous offre dans cet album ses souvenirs. C'est le Belleville de la guerre qui lui revient d'abord en mémoire, un évènement marquant "surtout pour mon rapport avec les femmes, mon féminisme. C’est-à-dire que moi, quand j’ai vu la Libération, j’étais tout petit et ma mère m’emmenait au Guignol des Buttes-Chaumont et là, on a vu toutes ces femmes tondues. Tous ces connards qui les ont maltraitées et ça m’a traumatisé vous n’imaginez pas. Toute ma vie j’ai essayé de m’excuser de faire partie du genre qui les avait maltraitées."

Guy Marchand admet que le regard des femmes l’a construit et le tout premier fût celui de sa mère : "Ma mère, elle sentait bon, du parfum bon marché (…) J’aime beaucoup le parfum qu’on a dans les supermarchés. C’est le parfum de ma mère avec son manteau en fourrure de lapin bien sûr ! Cette odeur de femme aurait pu faire de moi un homosexuel mais elle a fait de moi un amateur d’art."

Être chanteur pour lui est plus important que d’être acteur et cet amour pour la chanson est arrivé lorsqu’il était jeune. Celui qui a un peu plus de quatre fois vingt ans a commencé par jouer de la clarinette dans un endroit inattendu comme il le confie avec humour à Élodie Suigo : "J’ai commencé à jouer de la clarinette dans le placard à balais de mes parents. Parce qu’on habitait dans un rez-de-chaussée minuscule et la clarinette, ça emmerde tout le voisinage. Ce qui fait que j’ai fait dix ans de placard avant de bien jouer de la clarinette."

Je ne sais pas ce que cela veut dire un métier, je suis un touriste. Je ne suis pas un artiste qui a réussi, je suis une vedette populaire assez appréciée mais je suis à découvert à la banque.

Guy Marchand

à franceinfo

La musique dans la peau, après une longue expérience dans l'armée, Guy Marchand a envie de donner de la voix. La sienne enjôle et le crooner se fait connaître du grand public avec la chanson : La passionnata (1965), un morceau qui pour lui représente "un cri de douleur, un cri comique et désespéré". Dix-neuf albums plus tard dont Né à Belleville, il évoque son aversion pour le morceau Destinée.  

J’ai toujours détesté cette chanson, pas parce qu’elle est mauvaise mais elle nous a été commandé à Cosma et à moi comme un gag. C’est tellement vexant de me retrouver avec des disques que j’ai travaillé comme un fou et qui n’ont absolument pas marché et des espèces de bêtises que j’ai faites qui sont devenues des tubes énormes.

Guy Marchand

à franceinfo

Nestor Burma

Guy Marchand a fait aussi son cinéma dans une soixantaine de films, et dans des séries télévisées. On se souvient du film Garde à vue de Claude Miller pour lequel il remporte le César du meilleur second rôle en 1982. Puis vient l’inoubliable détective Nestor Burma dans la série du même nom (1991-2003). Ce premier succès au cinéma lui permet d’assouvir sa passion des voitures américaines : "Tous mes fantasmes de cinéma noir, américain qui ont bercé mon enfance et ma jeunesse, je pouvais m’amuser." Guy Marchand a aussi réglé ses comptes avec les Américains : "Je ne suis pas comme un rockeur complètement admiratif, en plus, ils ne nous aiment pas." 

Il se souvient très bien : "Pendant la guerre, quand ils sont venus, j’ai volé de l’essence aux Américains, j’ai volé des pneus, j’ai volé de la musique. J’ai même volé les rangers d’un GI ivre mort rue Pigalle. Avec des petits copains, on a laissé l’Amérique en chaussettes". Plus sérieusement, cet album qui nous promène dans le avie de Guy Marchand est une façon de mieux le connaître, notamment au travers de la chanson J’aime dans laquelle il affronte enfin ses sentiments : "Je peux le dire encore sans rire, je t’aimerai toujours"...

>> Une interview à écouter en intégralité ici :

Guy Marchand au micro d'Elodie Suigo

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