"Scroller" pendant des heures : comment les réseaux sociaux retiennent notre attention

Pour absorber l'internaute le plus longtemps possible sur les plateformes, les réseaux sociaux et créateurs de contenus usent de stratégies. Au point d'entretenir une certaine addiction.
Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Applications de réseaux sociaux sur un smartphone. (JONATHAN RAA / NURPHOTO)

Vous avez peut-être vous aussi passé une partie de la nuit scotché à vos réseaux sociaux, comme absorbé de façon frénétique. C'est ce qu'on appelle "scroller" et souvent, on ne se rend même pas compte du temps qu'on y passe. D'une vidéo à une autre, d'une publication à une autre, nous sommes sans cesse redirigés vers des contenus plus absurdes les uns que les autres sur Instagram, Tiktok, Facebook : des bébés pandas qui se câlinent, des chorégraphies, des tutos maquillage, cuisine, shopping.

Tout ça est évidemment très calculé et théorisé. Parmi les techniques les plus utilisées il y a le "hook" - comprenez "hameçon". Adeline Cointe est experte en communication : "On va créer des publications qui vont accrocher les gens, les hameçonner. Quand vous voyez des techniques comme 'Je vais vous livrer un secret', vous avez envie de faire partie des privilégiés qui auront accès à ce secret-là. Et vous allez rester plus longtemps sur la vidéo pour découvrir le secret en question. Ou alors quand le créateur de contenu va écrire : 'Tu dois absolument entendre ça aujourd'hui', c'est pareil. C'est une technique pour vous garder. On a envie de savoir qu'est ce qu'on 'doit' savoir aujourd'hui. On va vraiment être prisonnier du contenu et consommer toujours plus". Évidemment, ces stratégies s'apprennent, nottament par le biais des agences d'influenceurs qui conseillent les créateurs de contenu.

L'espoir de trouver mieux

Et si on tombe droit dans le panneau, cela s'explique aussi d'un point de vue psychique. Notre cerveau cherche toujours plus. Ce ne sont pas tant les contenus qui sont intéressants mais l'effet de recherche : les réseaux sociaux nous tiennent en haleine. Stéphanie Ladel est addictologue : "On scrolle parce que c'est assez intéressant mais qu'on cherche mieux. Scroller c'est la démonstration que ce qui est devant nous, c'est un peu intéressant, mais sans plus. C'est comme une errance. C'est le mécanisme d'abondance, le mécanisme de plutôt plaisant, plutôt agréable. On s'évade, certes, mais l'expérience est peu concluante, alors il reste l'espoir. L'être humain est un être vivant qui est guidé par le plaisir et par l'espoir. Et les plateformes réussissent leur pari de capter notre attention et notre temps en jouant sur une partie de notre plaisir et aussi une partie de notre espoir". Le format des vidéos alimente cet espoir : avec une vidéo courte l'internaute ne renonce pas. Aussi peu satisfaisante soit-elle, il reste pour l'espoir de la suite.

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