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Le décryptage éco. Acheter une voiture diesel ne fait plus l'affaire des automobilistes

Alors que les alertes à la pollution aux particules fines se multiplient depuis mi-décembre, avec un nouveau pic jeudi en Ile-de-France, les Français se détournent de plus en plus des véhicules diesel. Les dernières immatriculations le prouvent.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Tuyau d'alimentation d'une cuve de gazole dans une station d'essence (photo d'illustration) (MYCHELE DANIAU / AFP)

Alors que les alertes à la pollution aux particules fines se multiplient depuis mi-décembre, avec un nouveau pic jeudi en Ile-de-France, les Français se détournent de plus en plus des véhicules diesel. Selon les chiffres qui émanent des constructeurs et qui ont été compilés cette semaine par le quotidien Les Echos. 2016 restera comme un très mauvais cru pour cette technologie en France. Le diesel ne représente plus que 38% des ventes de voitures aux particuliers.

Cela apporte de l’eau au moulin de la ministre de l’Environnement et de l’Energie, Ségolène Royal, qui se déclare favorable à une interdiction complète, à terme, des voitures qui roulent au diesel en France. De nature à satisfaire également la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui veut bannir purement et simplement le diesel de la capitale à partir de 2025.

Rapide dégringolade

En 2012, 64% des véhicules particuliers immatriculés en France étaient équipés de moteurs diesel. Ils n'étaient plus que 44% en 2015 et 38% aujourd’hui. Cette sérieuse dégringolade montre que le moteur diesel pourrait passer rapidement dans le camp minoritaire.

Cette révolution en marche semble paradoxale avec les chiffres traditionnels du marché global fournis par les constructeurs tous les mois. Mais ces données intègrent les ventes des véhicules aux entreprises qui, eux, roulent au diesel et gonflent les statistiques. Les chiffres évoqués ici concernent uniquement les particuliers.

Les raisons du désamour 

Objectivement, la pression quotidienne des politiques sur les sujets épineux de santé publique joue un rôle important dans les choix d’investissements des foyers qui en ont les moyens. On se tourne vers l’essence qui représente désormais 58% du total des ventes de voitures. Un record.

Il y a les menaces d’amende ou d’interdiction de circulation dans un nombre croissant de grandes villes : Paris à partir de 2025… quid d’autres grandes agglomérations à l'avenir ?

Et puis il y a le "dieselgate"avec le scandale Volkswagen. Les mensonges du constructeur allemand ont eu des effets ravageurs.

Révolution, aussi, pour les constructeurs

Les grands groupes automobiles ont déjà pris le pli. Le marché des citadines est le premier à s’être adapté. Mais le vrai sujet est celui de la rapidité de la mutation du choix des clients. Le temps devient une véritable gageure pour les constructeurs. Le diesel reste très prisé des flottes professionnelles et sa fiscalité avantageuse va être concurrencée par celle de l’essence à partir du 1er janvier. Les entreprises pourront récupérer la TVA sur l’essence, ce qui est possible aujourd’hui uniquement pour le gasoil.

A partir du 1er janvier également, le prix du litre de super va profiter d’une baisse d’un centime de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Pour le diesel, au contraire, cette taxe va augmenter d'un centime.

Le moteur essence bientôt détrôné par l'électrique ?

Enfin, gros point noir : cette nouvelle tendance de consommation pulvérise les objectifs des constructeurs en matière de rejets. Si le diesel produit plus de particules fines que l’essence, il reste moins polluant en CO2. En clair : plus d’essence consommée, c’est plus de rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Vive l'hybride et l'électrique.

Pour éviter les amendes liées aux nouvelles réglementations sur les rejets de CO2, les constructeurs automobiles vont devoir donner un coup d'accélérateur à leur stratégie d’investissement, tout en maîtrisant les coûts de fabrication dans un secteur très concurrentiel. C’est la face cachée (coûteuse mais inéluctable) de la transition vers le  "rouler plus propre".

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