Le décryptage éco. A l'heure de la reprise, les salaires augmentent peu
Les rémunérations en France ont augmenté de 1,3%, à peine plus que l’inflation. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Si on en croit les dernières statistiques du ministère du Travail, le salaire mensuel de base a légèrement augmenté l’année dernière : à peine 1,3%, c’est-à-dire au même niveau qu'en 2016, Ce n'est pas beaucoup, surtout si on regarde l’inflation. Sans le tabac, les prix ont augmenté de 1,1% sur un an. On est presque dans un jeu à somme nulle.
On aurait pu penser qu’avec le retour de la croissance, les employeurs seraient plus généreux avec leurs employés pour les garder, les motiver, mais aussi pour recruter. Beaucoup se plaignent de ne pas trouver les compétences nécessaires pour honorer les carnets de commande qui se remplissent. En réalité, quand on regarde dans le détail, les données du ministère, on voit qu’il y a un bémol. Elles ne prennent pas en compte les primes. Or, avant d’augmenter les salaires de base, les employeurs préfèrent distribuer des primes. Et comme il y a encore un fort chômage (plus de 9% ces derniers mois) ils mettent surtout en avant la qualité de l’emploi en offrant des CDI plutôt que des CDD. Sur un an, les embauches en CDI ont progressé de plus de 14%.
Des secteurs s'en sortent mieux que d'autres
Sans surprise, avec la numérisation de l’économie, dans l’informatique, les nouvelles technologies, les rémunérations s’envolent. Il y a un mois le cabinet de recrutement international Robert Half publiait une étude sur les salaires. Les plus fortes augmentations sont dans le conseil (+17%), le retail, c’est à dire le commerce (+11%) mais aussi dans la finance (+10%). Le cabinet remarquait aussi qu’avec le Brexit et la concurrence des banques étrangères qui viennent s'installer en France, les banques françaises sont poussées à mettre la main à la poche. Dans la construction, où l’activité retrouve ses niveaux d’avant la crise de 2008, les salaires ont aussi tendance à augmenter.
Pas trop de revendications salariales
Chez Air France, après des années d’efforts, les syndicats demandent 6% d’augmentation. Ils appellent à la grève le 22 février prochain, en pleines vacances scolaires. Ils ne sont pas les seuls. Chez Ryanair, ou bien chez le cimentier Calcia, ça chauffe aussi autour de la question des salaires.
Ces derniers temps, la question du pouvoir d’achat occupe le débat. Des députés de la majorité demandent que l’on défiscalise les heures supplémentaires, ou plutôt qu’on exonère les cotisations, pour donner des euros supplémentaires sur les fiches de paie. C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Le gouvernement dit qu’il le fera en 2020 mais pas avant, parce que c’est coûteux pour les finances publiques : cela se chiffre en milliards d’euros. Emmanuel Macron a redit lundi 12 février devant la presse que "tous ceux qui travaillent seront gagnants". Pour l’instant, ils patientent... et commencent à s’impatienter.
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