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François Hollande a-t-il perdu son combat contre le chômage ?

On a appris hier soir le mauvais chiffre du chômage au mois de décembre : 15.800 demandeurs d’emplois de plus. Est-ce qu’on peut dire que François Hollande a perdu son pari d’une inversion de la courbe du chômage sous son quinquennat ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Il faut l’invraisemblable optimisme de François Hollande pour y croire encore. Le président pourra bien dire que le bilan de l’année 2015 est moins terrible que celui de l’année précédente, que le rythme de l’augmentation du chômage aura été divisé par deux, ou encore que le taux de chômage des moins de 25 ans a quand même diminué de quatre points en 2015. Certes, mais la vérité, c’est que le résultat est globalement désespérant, et pire même que sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui a pourtant lui connu la grave crise de 2008. Quand on tombe au chômage ne France, on risque d’y rester longtemps, plus de deux millions et demi de personnes subissent un chômage dit de longue durée, et cette durée moyenne s’est encore accrue dépassant désormais plus d’une année et demi. Au total, ce sont près de cinq millions 800.000 Français, toutes catégories confondues, qui sont à la recherche d’un emploi aujourd’hui. Ces chiffres noirs illustrent donc bien l’histoire d’un pari raté, ou d’un combat perdu contre le chômage sous le quinquennat Hollande, même si celui-ci n’est pas encore achevé.  

Mais est-ce qu’il y a des leçons à tirer de cet échec ?

Certainement, elles sont multiples. D’abord, les responsables politiques arrivent trop souvent au pouvoir avec les idées et les solutions d’hier voire même d’avant hier. Et la plupart croient toujours que la croissance fera le boulot, leur souvenir, ce n’est pas tant les trente glorieuses qui sont quand même un peu loin derrière nous, que les fameuses années Jospin, 1997 – 2002, où la croissance avait bondit, entre trois  et quatre et demi %, et donc fait décroitre le chômage à folle allure. Nos politiques et on pourrait aussi y ajouter les partenaires sociaux dans leur ensemble n’ont pas voulu voir que la France, comme d’autres pays eu Europe, était entrée dans un cycle long de toute petite croissance, un tout petit filet, qui change toutes nos équations économiques, sociales et budgétaires.

Mais est-ce qu’on peut vraiment réduire le chômage avec un petit filet de croissance ? 

C’est plus difficile bien sûr, mais pas impossible, puisque la plupart des nos voisins européens y sont parvenus et parfois très sensiblement, notamment ces deux dernières années. Simplement, ces batailles là, ces paris là se mènent et se gagnent dès le début d’un quinquennat, quand le président jouit du maximum de légitimité pour pouvoir toucher au trois sujets qui comptent le plus, le coût du travail, le contrat de travail et notre système d’indemnisation du chômage. Toucher, ce n’est pas démanteler, ce n’est pas supprimer toutes les protections, non, c’est retoucher en profondeur certaines de nos règles, c’est mettre en place des solutions qui ont fait leurs preuves ailleurs, pour faire une place aux chômeurs. A cet égard, le plan Hollande annoncé il y a dix jours est une synthèse trop politique, trop tardive et pas assez audacieuse, pour produire des effets rapides et spectaculaires. Il y a trop d’idéologies et de conservatisme dans ce domaine, et pas assez de pragmatisme, ni d’expérimentations multiples. Et c’est tout le problème français, bien au delà même de la seule question du chômage.

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