Réseaux sociaux : comment X, anciennement Twitter, est perçu en Irlande, en Espagne et en Argentine

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans plusieurs pays.
Article rédigé par Mathieu de Taillac, Caroline Vicq - Clémence Pénard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Le réseau social X, anciennement Twitter. Photo d'illustration. (MONIKA SKOLIMOWSKA / DPA / MAXPPP)

Absence de modération, contenus haineux, désinformation... Depuis son rachat par Elon Musk, en octobre 2022, le réseau social X, anciennement Twitter, est régulièrement pointé du doigt par des personnalités. La maire de Paris Anne Hildago a par exemple choisi de quitter le réseau. Franceinfo part en Irlande, en Espagne et en Argentine pour savoir comment le réseau est perçu dans ces pays.

Irlande : X pointé du doigt pour son rôle dans la promotion des discours de haine

X est désormais vivement critiqué dans le pays depuis le déchaînement de violences qu’a connu la capitale irlandaise le 23 novembre. Après une attaque au couteau devant une école, des dizaines d’hommes avaient envahi les rues de Dublin, pillé des magasins et brûlé des bus. Une colère alimentée sur X par des comptes d’extrême droite. Et depuis, le réseau social est accusé d’avoir laissé faire. Le réseau social n'a pas collaboré avec la police irlandaise, selon la ministre de la Justice Helen McEntee. Contrairement à d’autres, Meta ou TikTok, qui eux ont supprimé les publications racistes et incitant à la haine, au fur et à mesure qu’elles apparaissaient lors de cette soirée de violences inédites.

La plateforme s’est défendue et X a surtout renvoyé la faute sur la police irlandaise, qui n’aurait pas fait de demande formelle de suppression de certains posts. Depuis, on ne peut pas dire qu’il y a eu de changement flagrant. Rien que ce week-end, un hôtel désaffecté à Galway, qui devait être transformé en logements pour demandeurs d’asile, a été incendié. L’enquête est en cours, mais des séquences vidéo de l'incendie ont été largement partagées sur X, notamment via des comptes associés à des discours d'extrême droite. X est donc de plus en plus critiqué pour son rôle dans la promotion des discours de haine. Même si les politiciens de tous les partis continuent d'utiliser le réseau pour promouvoir leurs actions auprès des électeurs.

Espagne : des personnalités ont quitté X ou menacent de le faire

Il y a notamment celle qui était jusqu’au printemps dernier maire de Barcelone, Ada Colau. De gauche radicale, elle a annoncé en avril 2021 qu’elle abandonnait ce qui s’appelait encore Twitter, pour privilégier "d’autres réseaux sociaux moins polarisés" et faire "de la bonne politique". Des artistes, aussi, une chanteuse, un pianiste, un réalisateur, ont quitté X, déplorant la haine, le manque de respect ou les fake news qui polluent le réseau. Il y a eu enfin, au plus haut niveau, une menace, mais non suivie d’effet. Celle de la ministre de l’Économie : l’an dernier, Nadia Calviño a averti que si la plateforme n’offrait pas de garanties suffisantes quant à la fiabilité de l’information diffusée, le gouvernement pourrait déserter en bloc le réseau social.

Il y a aussi d’autres débats politiques sur la gestion de X ou des réseaux. Il y a eu la semaine dernière une polémique parce que le ministre des Transports s’est mis à bloquer massivement des utilisateurs qui l’insultaient ou simplement le critiquaient. L’affaire est remontée jusqu’au chef du gouvernement. Pedro Sánchez s’est permis un petit conseil : "Il y a deux décisions importantes que j’ai prises au cours de ma vie. La première a été, il y a plus de 20 ans, d’arrêter de fumer. La seconde, il y a plus de 10 ans, de déléguer mes réseaux sociaux à une Community manager". Dans l’assistance, le ministre faisait "non, non, non" avec le doigt. Chez les responsables politiques espagnols aussi, il y a de grands accros aux réseaux sociaux.

Argentine : le nouveau président, très présent sur les réseaux, félicité par Elon Musk

En Argentine, 16% de la population utilise X, ce qui correspond à 7,5 millions d’Argentins. L’Argentin le plus suivi n’est pas Lionel Messi, mais le pape François avec 19 millions d’abonnés. En général, le pays sud-américain est un pays très connecté à tous les réseaux sociaux : Whatsapp, Instagram, Tik Tok. Mais le succès de X a un rapport avec le fait que les Argentins adorent donner leur avis, sur tous les sujets : du foot à l’inflation, en passant par la politique ou la gastronomie. Et ils sont très friands de cette modalité d’information et d’expression, succincte et immédiate.

Mais c’est aussi un mode de communication assez critiqué ici pour son côté hostile. On voit sans cesse les disputes de célébrités via X qui sont exploités dans les émissions de télévision people ou les bagarres sur des sujets politiques dans un pays très divisé, où le réseau social est évidemment utilisé pour attaquer l’autre, et parfois de manière très violente.

En Argentine, le nouveau président, Javier Milei, est arrivé au pouvoir il y a quelques jours et il a concentré une bonne partie de sa campagne sur les réseaux sociaux. D’abord pour atteindre le plus d’électeurs possibles et en particulier les jeunes dans des messages courts et au fort impact. On a pu voir, par exemple, des vidéos de Javier Milei complètement décoiffé au milieu de la foule avec une tronçonneuse à la main. Et pour se faire connaître aussi dans le monde entier.

D’ailleurs, Elon Musk, lui-même a félicité à plusieurs reprises ces dernières semaines le président argentin qui a répondu et bien sûr retweeté cette conversation. Et aujourd’hui, tous les communiqués officiels du gouvernement passent par les réseaux sociaux et X, qui devrait donc rester l’un des modes privilégiés de communication lors du mandat de Milei.

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