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Natalité : la diminution continue des naissances au Japon et en Italie

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans deux pays.
Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura et Bruce de Galzain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Le quartier Minami-Magome de Tokyo, le 20 juillet 2021. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Il y a eu 723 000 naissances en France  en 2022 selon l’Insee, 19 000 de moins que l’année précédente. La France n'est pas le seul pays à faire face à la baisse de la natalité. Le Japon et l'Italie tentent également de trouver des solutions pour remédier à la chute des naissances. 

De nombreux freins au Japon

Au Japon, les naissances diminuent d'année en année, cette baisse de la natalité est accentuée par les diverses crises, dont les trois années de Covid-19. Face à une telle situation, le gouvernement est forcé d'agir. Cela fait 40 ans que le Japon affronte la dénatalité, mais la situation se détériore année après année. Un peu moins de 800 000 bébés sont nés au Japon en 2022, c'est-à-dire à peine plus qu’en France, malgré une population japonaise près de deux fois plus importante. 

Trois années de crise Covid-19 et de relations sociales détériorées ont aggravé la situation, en réduisant les rencontres et les mariages, un préalable avant que naisse un bébé au Japon, mais les circonstances étaient déjà très mauvaises avant. La première cause avancée par les jeunes qui renoncent à avoir des enfants est le coût financier, sur fond de salaires qui stagnent et de précarité plus importante des emplois des hommes. Les femmes tendent à rechercher des partenaires qui ont une bonne place et le salaire qui va avec avant de s'engager. Ce sont des mariages très calculés. Et même si le Japon ne se l'avoue pas, des couples qui ont pourtant les moyens financiers suffisants considèrent que devenir parents est un frein à leur liberté.

Au Japon, les soins médicaux sont dans la plupart des localités gratuits pour les enfants jusqu’à 15 ans. L'école publique est gratuite, les frais de crèches sont désormais en partie offerts et il existe des allocations familiales. Mais à l'évidence cela ne suffit pas. Le gouvernement actuel, qui dit enfin prendre la mesure de l'enjeu, promet une politique d’aide financière de dimension inédite. Toutefois, même élevée de 17%, à 3 500 euros, la prime à la naissance ne suffira toujours pas à couvrir le coût de l'accouchement qui est intégralement à la charge des parents. 

Le gouvernement est toujours réticent à prendre en compte le nombre d'enfants dans le calcul des impôts sur le revenu et ne sait pas encore de quelle façon il va relever les allocations familiales notoirement insuffisantes pour les enfants quand ils atteignent l’adolescence. Et même si les causes économiques étaient résolues et que le nombre d’enfants par femme venait à augmenter, le total de femmes en âge de procréer est de toute façon insuffisant pour espérer un rebond significatif.

L'Italie détient le plus faible taux de fécondité d'Europe

Les dernières données de l'ISTAT, l'Insee local, doivent paraître ce mois-ci, mais l'Italie s'attend encore à battre un record en 2022. En Italie, le taux de fécondité s'élève à 1,25 c'est le plus faible d'Europe avec l'Espagne, mais l'Italie est aussi un pays qui voit baisser sa population. Elle est passée sous les 60 millions d'habitants : il y a toujours plus de 700 000 morts et de moins en moins de naissances à peine 400 000. Cela représente une chute de 25% de moins qu'il y a 10 ans. En comparaison, en France il y a eu 740 000 naissances en 2021. Autre facteur, il y a aussi de moins en moins d'étrangers en Italie, le pays en a perdu 140 000. L'immigration pourrait donc être une solution pour lutter contre l'hiver démographique italien. 

Première raison avancée par la plupart des études, le coût de l'enfant : c'est trop cher ! Deuxième raison la peur de perdre son emploi et troisième raison le manque de service pour les familles. En Italie, on n'est moins aidé qu'en France même si les allocations familiales viennent d'être créées : une révolution qui a quand même beaucoup de mal à se mettre en place. En Italie il est bien plus compliqué d'organiser sa vie familiale et professionnelle. La lutte contre les écarts de rémunération entre hommes et femmes vient à peine de commencer, il n'y a pas d'égalité.

Les entreprises jouent moins le jeu qu'en France même si le gouvernement actuel leur demande de signer une charte éthique et vient d'augmenter de 10 à 60 jours le congé paternité. Une dernière réalité, les femmes qui ont un enfant l'ont tard et peuvent donc avoir des parents en mauvaise santé qui ne peuvent pas s'occuper des enfants. En Italie les crèches ou autres structures ne sont absolument pas aussi développées qu'ailleurs. L'ISTAT ne cesse de faire des projections alarmantes et le fait exprès : si rien ne change, en 2070 l'Italie compterait 40 millions d'habitants presque deux fois moins qu'en France qui compterait 77 millions d’habitants ! 

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