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Mission Artemis : l'Inde et la Russie ont toujours pour ambition d'aller sur la Lune

Alors que les États-Unis envisagent de retourner sur la Lune, retour sur les ambitions des autres nations qui ont développé des programmes lunaires. L'URSS, ancienne nation spatiale dominante, n'y est finalement jamais allée. L'Inde, elle, doit y envoyer un robot l'année prochaine. 

Radio France
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Le lancement de Chandrayaan-2 depuis le centre spatiale Sriharikota en Inde, le 22 juillet 2019. (ARUN SANKAR / AFP)

La fusée SLS de la Nasa a décollé, mercredi 16 novembre du centre spacial Kennedy, aux États-Unis, ouvrant la voie au retour des Américains sur la Lune. La mission Artemis va durer 25 jours. Sans astronaute à bord, elle va permettre de tester tous les futurs systèmes qui permettront aux Américains de retourner sur la Lune, en 2025 au plus tôt.  

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Dans l'histoire, d'autres nations ont eu des programmes lunaires, au premier rang desquels l'Union Soviétique, même si les cosmonautes russes n'ont finalement jamais posé un pied sur la Lune. En Inde, après un premier échec, un robot doit y être envoyé l'année prochaine. 

En URSS, la mort du directeur du programme spatial a tout arrêté

L'URSS a bien eu un programme lunaire même si à l'époque, il n'était pas question d'en parler : tout était top secret. Les Soviétiques avaient pris pourtant pas mal d'avance en envoyant le premier satellite artificiel dans l'espace, Spoutnik, le premier homme, Youri Gagarine, et en ayant effectué la première sortie en scaphandre. C'est néanmoins avec trois ans de retard sur les Américains qu'ils vont se lancer dans la course à la Lune.

Le programme est lancé en 1964, mais il va connaître de gros problèmes et tout particulièrement souffrir de la mort en 1966 de Sergueï Korolev, l'homme qui a dirigé le programme spatial soviétique. Son adjoint, l'ancien cosmonaute Alexeï Leonov le racontait il y a 15 ans à la télévision russe : "En 1969, je monte dans un taxi, je donne l’adresse : 5 rue de l’académicien Korolev", détaille-t-il. "Et le chauffeur, un vieux moscovite, me dit : 'La rue Korolev ? Là où vivent tous les assistants de Korolev ? Dîtes moi s’il vous plaît cher camarade, pourquoi les Américains sont allés sur la Lune et pas nous ? On n’arrêtait pas de dire que nous étions en avance sur tout…' J’ai répondu : 'je ne sais pas'. Mais en fait je le savais bien sûr ! Korolev était mort. Et il n’y avait personne pour le remplacer", termine Alexeï Leonov. 

D'autres facteurs ont précipité l'échec du programme lunaire soviétique. Il y avait en fait deux programmes concurrents et une concurrence également des militaires qui préféraient que les budgets aillent au développement des missiles intercontinentaux. Finalement, le programme est abandonné en 1974. Les Soviétiques ne sont jamais allés sur la Lune, mais l'année prochaine, une sonde russe appelée Luna 25 devrait y retourner. La Russie développe avec la Chine un projet de base permanente sur la Lune. Mais elle ne verra pas le jour avant 2030, voire bien plus tard, compte tenu du contexte de la guerre en Ukraine.

En Inde, l'agence spatiale continue d'y croire


L’inde s’apprête à envoyer un nouveau robot sur la Lune, dès l’année prochaine, après un échec lors de la dernière tentative. Les Indiens y avaient cru jusqu’au bout : c’était il y a trois ans, et la première phase de cette mission s’était bien déroulée. Le satellite s’était placé en orbite autour de la Lune, et avait envoyé le robot qui devait partir rouler et explorer sa surface. Mais son atterrissage a été trop violent et l’engin s’est écrasé sur notre Lune. Les Indiens parlent donc pudiquement d’un demi-échec, car le satellite, lui, reste en orbite et fournit des images. Mais ce n'est pas non plus un franc succès, car ce sont les données terrestres qui importent le plus. 

Pour cette nouvelle tentative, la mission s’appelle Chandralayaan n°3, pour "engin lunaire 3" en sanskrit. Et devrait s’élancer en juin 2023, à nouveau vers le pôle sud de la Lune, une région plus froide, couverte de glace, et où l’on peut donc peut-être découvrir des éléments organiques intéressants et des traces d’une vie potentielle. La mission ne comprendra pas de sonde d’observation, qui est déjà là, placée en orbite, mais seulement une sonde d’atterrissage à quatre ou cinq moteurs, qui doit placer le robot roulant sur la surface. Les équipes de l’ISRO, l’agence spatiale indienne, vont renforcer la structure de l’attérisseur ainsi que ses équipements de communication, qui semblent avoir fait défaut et ont entraîné une arrivée trop violente.    

   
L’Inde fait de cette exploration une affaire de prestige, en se plaçant dans le club restreint des grandes puissances spatiales. L’agence indienne avait déjà réussi une grande prouesse, il y a huit ans, en plaçant une sonde autour de Mars, dès son premier essai. Aucun pays n’avait réussi cet exploit, en plus pour un coût 10 fois moins élevé qu’une mission similaire de la Nasa. Cela a montré l’expertise et les ambitions de l’Inde dans le domaine. Si le pays arrive maintenant à poser son engin sur la Lune, cela ne sera que la quatrième nation à le faire, après les États-Unis, la Russie et la Chine. Et New-Delhi regarde encore plus loin : en 2024, l’agence spatiale indienne prévoit d’envoyer une autre sonde spatiale, cette fois vers Venus.   

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