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Des œuvres d’art volées font leur retour en Irak et au Mali

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Direction l'Irak et le Mali où des oeuvres d'arts volées sont restituées à leurs pays d'origine.

Article rédigé par franceinfo - Lucile Wassermann et Kaourou Magassa
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le Premier ministre malien à la cérémonie de rétrocession de 900 objets rendus au Mali par les États-Unis (ANNIE RISEMBERG / AFP)

Des oeuvres d'art et des trésors volées et qui retrouvent leur pays d'origine. Au Mali et en Irak, leur retour est fêté comme une victoire. Des milliers d'autres sont toujours manquantes.

Un trésor mésopotamien vieux de 3 500 ans de retour en Irak

En Irak, les Etats-Unis ont restitué cette semaine un trésor mésopotamien vieux de 3 500 ans : une tablette de Gilgamesh. Les autorités du pays ont salué une "victoire" face à ceux qui "volent l'Histoire" du pays. 

C'est une tablette d'une grande importance pour l'Irak, l'un des plus anciens textes littéraires de l'histoire du pays, voire de l'humanité. Elle avait été volée en 1991, pendant la première guerre du Golfe. Et elle n'a été retrouvée qu'en 2019. Entretemps, elle a été vendue à plusieurs reprises avec un faux certificat d'origine, à des marchands d'arts, à des antiquaires etc.

C’est une méthode très classique pour réinsérer une œuvre volée dans le marché légal de l’art : la pièce reste généralement une dizaine d’années dans l’ombre, puis elle est revendue à des petits collectionneurs avec de faux papiers et une fausse histoire sur son origine, jusqu’à être repérée par de grandes maisons d’art, voire des musées. Cela a été le cas pour la tablette de Gilgamesh, puisque le Musée de la Bible, à Washington, l’a acquise en 2014. C’est là qu’un conservateur a jugé sa provenance douteuse, permettant alors une investigation, sa saisie, puis sa restitution à l’Irak.

Avec elle, une tête de bélier et une tablette sumérienne ont également été rendues au pays cette semaine. Mais des milliers d'autres objets restent encore à retrouver. L'Irak est l'un des pays particulièrement touchés par ces pillages, notamment à cause des guerres qui s'y sont succédé. On sait que depuis 2003, des dizaines de milliers d'objets ont été volés dans les musées ou sur les sites archéologiques.

"Il y a beaucoup d'œuvres qui sont volées au cours de pillages clandestins à travers l'Irak."

Hassan Nadhem, le ministre irakien de la Culture

On ne parle là que d'objets connus et listés. Les sols irakiens regorgent de joyaux qui n'ont jamais été exhumés et les pilleurs évidemment en profitent. "Il y a beaucoup d'œuvres qui sont volées au cours de pillages clandestins à travers l'Irak. Ils sortent du pays sans qu'on ne les ait enregistrés dans nos musées. Comment fait-on pour les rechercher ? Comment fait-on pour prouver qu'ils sont à nous ?", s'inquiète le ministre irakien de la Culture, Hassan Nadhem. Ces objets sont effectivement presque impossibles à tracer et avec eux, l'Irak perd alors toute une partie de son histoire et de son identité.

Au Mali, 900 objets pillés officiellement rétrocédés

 Au Mali, mardi 8 décembre, plus de 900 objets archéologiques et ethnographiques issus de pillage et de trafic illicites en provenance des États-Unis ont été officiellement rétrocédés aux autorités maliennes. C’était lors d’une cérémonie présidé par le Premier ministre de transition et l’ambassadeur américain au musée national du Mali. Cette opération a été rendue possible grâce à un accord bilatéral entre les deux pays sur les restrictions et l’importation d’objets culturels signé en 1993. Sur 23 pays dans le monde, le Mali est le seul Etat d’Afrique subsaharienne à bénéficier de ce type d’accord avec les Etats-Unis.

Les œuvres qui ont été cédées au Mali par le gouvernement américain sont issues de pillages récents. Elles avaient été pillées sur des sites archéologiques et exportées illégalement vers les Etats-Unis. Pour la plupart, elles ont été saisies par les douanes américaines entre 2008 et 2011. Parmi elles, il se trouve des trésors. Sur les plus de 900 objets retournés figurent de grandes urnes funéraires, un vaisseau funéraire Dogon, une coupe cérémoniale unique, des haches en pierre, des poteries et des bracelets. Des objets de tous types et de tous matériaux.

Le directeur du musée national, Daouda Keita, parle d’objets datant du néolithique, ainsi que d’autres datant de la période des grands empires. De nombreux objets archéologiques et ethnographiques se trouvent dans le pays et le gouvernement tente de faire de la lutte contre le pillage ou les ventes illégales une priorité. Mais aujourd’hui, personne n’est en mesure de quantifier le nombre d’objets maliens spoliés et hors de son territoire. 

"Notre patrimoine culturel ne doit pas rester prisonnier des musées d'autres pays."

Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre du Mali

 Les retours seront difficiles pour les œuvres et les pièces qui se retrouvent aujourd’hui chez des particuliers à travers le monde. Mais pour ce qui est des œuvres cataloguées ou qui font partie des archives ou des collections des musées la question des restitutions se pose. "Notre patrimoine culturel ne doit pas rester prisonnier des musées d'autres pays. L'appel lancé en 1978 par  Amadou-Mahtar M'Bow le directeur général de l'Unesco pour le retour des biens culturels des l'Afrique doit être entendu tout comme nous croyons en la déclaration du président Macron à Ouagadougou en novembre 2017. Ce ne sont pas que des mots pour nous", affirme Choguel Kokalla Maïga le premier ministre malien. Dans son discours, il a également exhorté les autres pays à suivre l’exemple des États-Unis.

Au Mali, le musée national dispose de trois nouvelles salles de conservation pour les œuvres. Il existe un réel engouement du public pour l’archéologie, preuves du passé glorieux du pays. Pour sensibiliser les populations maliennes contre les pillages et leur permettre d’accéder à leur patrimoine, une exposition thématique autour des 900 œuvres rapatriées sera organisée dans les mois qui viennent.

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