Élections européennes : en Allemagne, l'extrême droite espère doubler le nombre de ses députés

À moins de six mois du scrutin, et avec des records d'intention de votes, le score de l'extrême droite sera scruté de près outre-Rhin. Étant le pays le plus peuplé de l'UE, l'Allemagne est celui qui envoie la plus importante délégation au Parlement.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
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Les élections européennes se dérouleront le 9 juin 2024. Photo d'illustration (CHRISTOF STACHE / AFP)

Les élections européennes auront lieu du 6 au 9 juin prochain. Et ce qui sera particulièrement observé, en Allemagne, c'est le score de l'extrême droite. L’AfD avait obtenu 11% des voix en 2019 et décroché neuf des 96 sièges réservés à l’Allemagne. Mais cette fois, la formation espère bien doubler son nombre de représentants au Parlement européen. 

L’extrême droite est désormais en Allemagne la deuxième force politique, créditée d’environ 20% des intentions de vote avec des records à plus de 30% dans les régions de l’ex-Allemagne de l’Est. L’AfD arrive derrière les conservateurs de la CDU/CSU mais elle est devant les trois partis de la coalition au pouvoir. Et peu importe si les services de renseignement l’ont placée sous surveillance renforcée dans trois régions, le parti reste populaire.

Réunis début décembre avec les autres partis d’extrême droite pour préparer les Européennes, les dirigeants de l’AfD ont rappelé leurs thèmes de campagne fétiches : la fin des sanctions européennes contre Moscou, la reprise des importations de gaz russe pour assurer un approvisionnement énergétique bon marché et la levée de l’interdiction décidée par l’Union européenne des voitures thermiques à partir de 2035.

L'autre enjeu des élections européennes, ce sera le score des trois partis de la coalition. Cela risque d’être compliqué notamment pour le parti écologiste. En 2019, les Verts avaient obtenu un résultat record, plus de 20% des voix, et fait entrer 21 députés au Parlement européen. Cette période d’euphorie est terminée, les écologistes paient au prix fort leur participation au gouvernement, les querelles déchirent la coalition. Les Verts apparaissent souvent comme le parti de l’interdiction avec une image de donneurs de leçons. Dans les enquêtes d’opinion, le parti n’est plus qu’à 12%, son pire score depuis cinq ans.

Le futur parti populiste de gauche de Sahra Wagenknecht

Les Verts ont promis de tout faire pour contrer le virage droitier amorcé en Europe, pas étonnant dès lors que l’extrême droite et les conservateurs allemands aient désigné le parti comme leur cible principale. Pour les deux autres formations du gouvernement, les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz et les libéraux du FDP, cela ne va guère mieux. Selon un récent sondage, un Allemand sur deux s’attend à ce que la coalition éclate avant les prochaines élections prévues à l’automne 2025. Évidemment tout ça n’est pas de très bon augure en vue des Européennes.

Mais un futur nouveau parti pourrait venir rebattre les cartes lors des élections européennes. Sahra Wagenknecht a quitté le parti de Gauche en octobre et a emmené, avec elle, neuf députés pour créer sa propre formation. Figure de l’opposition, Sahra Wagenknecht souhaite "combler le vide politique", dit-elle, "entre la gauche radicale et l’extrême droite". Plus de justice sociale, réduction du nombre de migrants, fin des livraisons d’armes à l’Ukraine. Avec son programme, la pasionaria chasse sur les terres de l’AfD et de la gauche. Et les électeurs semblent l'apprécier, Sahra Wagenknecht est créditée de 14% des intentions de vote. Les élections européennes seront son baptême du feu.

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