L'Allemagne va réduire ses dépenses de manière drastique en 2024 pour tenter de régler son problème d'endettement
Comment combler un trou de 17 milliards ? Le casse-tête a duré un mois, et il a bien failli faire imploser la coalition gouvernementale - qui pourtant n'en est qu'à mi-mandat. Finalement, l'accord adopté au forceps, mercredi 13 décembre, préconise de se serrer la ceinture.
Berlin a décidé de faire des coupes claires dans les budgets des ministères, sans toucher aux dépenses sociales, de baisser les subventions publiques. Par exemple, les primes pour l’achat d’un véhicule électrique vont s'arrêter et les aides au financement des panneaux solaires se réduire.
"On ne fait pas tout ça volontiers", dit le chancelier Olaf Scholz, "mais ces mesures sont nécessaires". Pour renflouer la dette, le gouvernement comptait utiliser quelques dizaines de milliards d'euros économisés pendant le covid, mais il a été retoqué par la Cour constitutionnelle. Les économies vont néanmoins permettre à l'Allemagne de respecter en 2024 sa sacro-sainte règle de limitation du déficit public.
Pourtant, le sujet de l'endettement divise aujourd'hui le gouvernement. C'est un mot que l'on déteste prononcer en Allemagne ! L'orthodoxie budgétaire est même inscrite depuis 2009 dans la Constitution, à travers la règle du "frein à l'endettement", qui limite chaque année le déficit à 0,35% du produit intérieur brut.
"L'Allemagne s'est volontairement attaché les mains dans le dos"
Les libéraux, partisans du serrage de vis, y sont tout à fait favorables. Mais les deux autres partis de la coalition, les sociaux-démocrates et les Verts voudraient réformer ce mécanisme, pour retrouver de la marge de manœuvre, moderniser le modèle économique et les infrastructures vieillissantes du pays. "Avec ce frein à l'endettement", dit le ministre écologiste de l'Économie, Robert Habeck, l'Allemagne s'est "volontairement attaché les mains dans le dos avant d'entrer sur le ring".
Les Allemands, eux, sont majoritairement d'accord avec cette règle. Ils sont rassurés par l'idée de ne pas laisser filer les dépenses et de ne pas écraser les générations futures sous les dettes. Selon un sondage réalisé le 24 novembre pour la chaîne publique ZDF, 23% seulement des Allemands étaient favorables à l'endettement pour boucler le budget 2024 quand 57% préféraient réduire les dépenses.
Pour comprendre leur peur, il suffit de jeter un œil à la célèbre horloge de la dette nationale allemande, installée à Berlin en 1995 par la fédération allemande des contribuables, et consultable en ligne, où les chiffres défilent en temps réel. Malgré sa rigueur budgétaire, l'Allemagne affiche une dette globale de plus de 2 500 milliards d'euros. C'est un peu moins que la France - mais ça fait quand même plus de 30 000 euros par habitant. Malgré tout, Olaf Scholz a laissé entendre que le gouvernement "pourrait" assouplir ses contraintes si par exemple des fonds supplémentaires étaient nécessaires pour l'Ukraine.
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