Régulation des cours du pétrole : Plusieurs pays exportateurs, dont la Russie, continuent de couper volontairement leur production

Ces coupures sont prolongées jusqu'en milieu d'année, l'objectif de l'Opep+ est de réguler les cours mondiaux. Cette annonce intervient dans un contexte international tendu, notamment avec la guerre en Ukraine.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Plusieurs pays de l'Opep+ prolongent la coupure de leur production de pétrole. Photo d'illustration. (OLGA ROLENKO / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Est-ce que le pétrole devient une arme diplomatique ? Qui dit marché pétrolier perturbé, dit hausse des prix à la pompe et donc problème de pouvoir d’achat… et inévitables tensions politiques chez les pays "ennemis". La Russie est-elle ainsi capable d’entretenir les tensions inflationnistes en Europe ? En réalité, Moscou regarde avant tout ses propres finances publiques et ses équilibres budgétaires.

La Russie annonce une coupe volontaire de sa production de pétrole de 471 000 barils par jour, en accord avec d’autres pays de l’Opep+ dont l’Arabie saoudite, pour soutenir la stabilité des cours et rééquilibrer le marché. Il s’agit tout simplement de maintenir les prix du pétrole en raréfiant l’offre : moins de pétrole sur le marché, c’est un moyen de faire remonter les prix selon l’adage "tout ce qui est rare est cher".

Économie de guerre

La manne financière issue de la vente des hydrocarbures reste essentielle pour Moscou à l’heure où son économie est tournée vers l’effort de guerre pour soutenir l’offensive en Ukraine. Plus que jamais, la Russie a besoin d’argent et entend bien tirer un maximum de profits de sa rente pétrolière, comme les autres pays producteurs de l’Opep qui, eux, ne sont pas en guerre, mais vivent de ces revenus pétroliers.

Comme le rappelle Pactrice Geoffron, le directeur du Centre de géopolitique de l’Énergie et des Matières premières, l’Opep+, qui réunit les émirats producteurs de brut plus la Russie, a été créée en 2016. L'idée était de tenter de faire remonter les cours du baril qui s’étaient effondrés en 2014 avec la montée en puissance de la production américaine de pétrole de schiste. L’alliance a tenu les chocs, puis est arrivée la crise Covid et aujourd’hui la demande de pétrole baisse avec les mutations économiques liées à la transition écologique et la décarbonation. Comme les autres pays producteurs et exportateurs d’or noir, la Russie voit sa perspective de rente pétrolière s’éroder et n’entend pas laisser faire. Pour l’instant, il n'y a pas d’effet direct sur les prix de l’essence à la pompe, car il faut toujours attendre plusieurs semaines avant de voir les prix évoluer en fonction de la donne internationale.

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