Partage de la valeur : la "prime Macron" a en partie remplacé les hausses de salaires
Selon l’Insee, l’an dernier, la "prime Macron" s’est en partie substituée aux hausses de salaires.
Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), il y a bien eu un véritable effet d’aubaine : un tiers du montant des primes ont remplacé de vraies augmentations de salaires. Autrement dit sur 100 euros de primes versé, normalement il y aurait dû y avoir 30 euros de hausses de salaires. Mais les employeurs ont préféré des primes parce que ça leur coûte moins cher. Car ces primes de partage de la valeur, appelées couramment primes Macron, sont exonérées d’impôt et de cotisations – dans la limite d’un versement allant jusqu’à 3 000 euros, et jusqu’à 6 000 euros, pour les entreprises qui ont signé un accord d’intéressement.
Ces primes sont intéressantes à court terme, surtout en période d’inflation. Elles sont exonérées d’impôt (pour les salariés gagnants jusqu’à trois fois le smic). Mais à plus long terme, c’est une autre histoire : car elles ne sont pas prises en compte pour les droits à la retraite, un biais que soulignent souvent les syndicats. Et une prime, contrairement à une hausse de salaire, n’est pas pérenne, rien ne dit que vous l’aurez l’année suivante. En 2022, près de cinq millions de salariés ont reçu cette prime, soit 30% de l’ensemble des salariés, avec un montant moyen versé qui dépasse légèrement les 800 euros. Rien ne dit qu’ils l’auront cette année, une année ou l’inflation promet d’être encore très élevée.
Les entreprises ont largement utilisées ces primes
C’est aussi une perte pour les finances publiques car ça veut dire une perte de cotisations pour abonder notre système social, notamment les régimes de retraites. Or, on sait qu’il est loin d’être en grande forme. Pareil côté impôt, ce sont des millions d’euros en moins car la perte est conséquente : l’Insee note qu’au total ce sont presque 4,5 milliards d’euros qui ont été versées via ces "primes Macron". Si les petites entreprises ont massivement utilisé ce dispositif – ainsi que les grands groupes : même ceux qui ont affiché des bénéfices records, comme Total, LVMH, etc – elles ont largement eu recours à ces primes et évité ainsi le paiement d’impôts et de cotisations sociales. Le dispositif est encore en vigueur jusqu’à fin décembre prochain.
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