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Le brief éco. Le bras de fer économique entre Hong Kong et Pékin

À Hong Kong, les manifestants ont réussi leur pari. Des centaines de milliers de personnes ont à nouveau défilé dimanche. Elles réclament plus de liberté. Entre Pékin et la population de Hong Kong, le bras de fer est politique bien sûr. Mais il est aussi économique.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants envahissent les rues d'Hong Kong pour réclamer plus de démocratie, dimanche 18 août 2019. (MANAN VATSYAYANA / AFP)

Les manifestants ont réussi leur pari à Kong Kong en défilant dans les rues pacifiquement, dimanche 18 août. Ils réclament plus de liberté. Entre Pékin et la population de Hong Kong, le bras-de-fer est économique en plus d'être politique.

Il est brutal. La compagnie aérienne Cathay Pacific l’a payé cher. Cette compagnie internationale est installée à Hong Kong. Son patron, Rupert Hogg, vient de démissionner. Pékin l’a poussé vers la sortie. Pourquoi ? Parce que des salariés de Cathay Pacific ont manifesté. Le gouvernement chinois reproche à la compagnie de ne pas les avoir sanctionnés, ou pas assez vite. Et Pékin a les moyens de se faire entendre, puisqu’ Air China possède 30% du capital de la compagnie de Hong Kong. C’est un exemple parmi d’autres. Le gouvernement chinois exige la collaboration des grandes entreprises.

Les manifestants utilisent l'arme économique

Les manifestants, qui cessent le travail, bloquent l’économie. Mais aussi de manière plus originale. Des opposants appellent la population à créer une panique bancaire, en retirant beaucoup d’argent au distributeur, pour essayer de vider les caisses des banques. Ou en convertissant cet argent en dollars américains. L’économie de Hong Kong a beaucoup ralenti. Elle pèse moins lourd qu’avant, seulement 3% du produit intérieur brut chinois. Elle est même au bord de la récession. Mais elle garde un rôle stratégique.

Hong Kong reste la troisième place financière du monde, après New York et Londres. Et elle est vraiment la porte d’entrée de l’économie chinoise. Vous connaissez la règle à Hong Kong : "Un pays, deux systèmes". C’est comme ça depuis que les Britanniques ont rétrocédé le territoire à la Chine, il y a plus de vingt ans. À Hong Kong les règles ne sont pas les mêmes qu’en Chine. Les capitaux circulent facilement. Les règles de droit sont claires. Pour les multinationales, c’est plus simple et c’est souvent plus sûr. Elles peuvent accéder au marché chinois, à partir de Hong Kong. D’ailleurs, beaucoup de hauts dirigeants chinois profitent, eux aussi, de cette situation. Cette "aristocratie rouge" a massivement investi dans la cité semi-autonome.

Le rôle économique de Hong Kong est majeur

Si quelqu’un l’a bien compris, c’est Donald Trump. La nuit dernière, le président américain a interpellé la Chine. Il affirme que si Hong Kong devient un autre Tiananmen, il sera très difficile de conclure un accord commercial. Autrement dit, si la Chine réprime les manifestants dans l’ancienne colonie britannique, comme elle a brisé le mouvement place Tiananmen, il y a trente ans, Washington cessera de négocier avec Pékin. Cette menace est lourde, car la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a déjà fait beaucoup de dégâts.

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