Confronté à une crise budgétaire l'Allemagne suspend de nouveau son plafond de déficit

Pour la quatrième année consécutive, Berlin se prépare à suspendre la règle de rigueur qui limite son déficit public. Le pays est prêt à délier les cordons de la bourse pour faire face à la crise budgétaire qui touche le pays.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministre des Finances allemand, Christian Lindner, le 23 novembre 2023. (MICHAEL KAPPELER / DPA / MAXPPP)

Les détracteurs de l’Allemagne ne manqueront pas de railler le coup de canif donné à la légendaire rigueur budgétaire allemande. Cette règle avait été conçue comme un frein à l’endettement. Une règle d’or, en quelque sorte : dépenser est possible mais il faut faire en sorte que la dépense publique ne dépasse pas 0,3% de la richesse nationale produite, donc 0,3% du Produit intérieur brut (PIB). Déjà suspendu entre 2020 et 2022 au moment de la pandémie de Covid, le système devrait donc l’être pour la quatrième année consécutive.

Confrontée à une inflation plus importante que certains de ses voisins européens, dont la France qui a un meilleur indice des prix , l’Allemagne doit aussi gérer de manière très serrée le coût de son énergie toujours très carbonée. Berlin doit également faire face à une profonde crise provoquée par un arrêt de la Cour constitutionnelle la semaine dernière. La plus haute juridiction du pays a en effet annulé le transfert de soixante milliards d’euros de crédits, inutilisés pendant la pandémie, vers un programme dédié à des investissements écolo-compatibles et un soutien à l’industrie nationale. Cette décision a plongé la coalition gouvernementale sociale-verte-libérale du Chancelier Olaf Scholz dans un profond malaise, remettant en cause d’importants projets d’avenir dont la transition énergétique.

Un déficit public multiplié par deux

Le gouvernement va présenter un collectif budgétaire pour sécuriser les dépenses prévues cette année. Selon le magazine Der Spiegel, ces dépenses encadrées devraient s’élever à quelque 40 milliards d’euros, ce qui doublerait le déficit public prévu initialement par le gouvernement. On passerait de 40 à 85 milliards d’euros de déficit.

La sacro-sainte rigueur budgétaire allemande fait donc "pschitt" une nouvelle fois. Un revers pour le ministre des Finances, Christian Lindner, et une image écornée à l’international. La règle du frein à l’endettement était un signal de politique budgétaire censé donner l’exemple aux pays membres de la zone euro, et un message envoyé aux marchés financiers, une ambition perdue pour l'Allemagne.

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