Cet article date de plus d'un an.

Biodiversité : certains animaux nuisibles méritent-ils leur réputation ?

Le belette ou le renard peuvent-ils encore être considérés comme des nuisibles ? C'est la question que pose la Société française pour l’étude et la protection des mammifères.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une belette, petit carnivore considéré comme animal nuisible. (KEITH R. CROWLEY / MAXPPP)

La liste des espèces nuisibles ou plutôt des espèces “susceptibles d’occasionner des dégâts”, comme on dit officiellement les "Esod", est actuellement en cours de révision. Tous les trois ans, elle est fixée par arrêté ministériel. La prochaine devrait entrer en vigueur en juillet prochain. Et les animaux dits "nuisibles" y figurant pourront non seulement être chassés, mais aussi piégés capturés ou déterrés en dehors des périodes de chasse.

>> Biodiversité : un chacal doré vient d’être formellement identifié en Bretagne

Pour établir cette liste, les préfets ont fait leurs propositions. Elles sont en cours d'analyse par le ministère, sur la base de dégâts causés par ces animaux dans les exploitations agricoles ou les jardins.

Mais la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) lance un appel à la préservation de quatre petits carnivores qui figurent actuellement sur cette liste : la belette, la fouine, la martre et le renard, car cette société savante fait valoir sur la base de plusieurs années d’observations scientifiques que ces espèces rendent également des services écologiques bénéfiques.

Un rôle important, mais méconnu

Ces animaux nous rendent service en consommant des rongeurs et des insectes ravageurs de cultures. Ces espèces peuvent rendre service aux agriculteurs. Par ailleurs, ces petits carnivores jouent un rôle sanitaire en consommant des carcasses d’animaux morts, ce qui peut limiter la diffusion de certains agents pathogènes. Par ailleurs, la société pour la protection des mammifères dénonce le manque d'évaluation des politiques d'élimination de ces animaux. Cet avis est partagé par d’autres.

C’est une analyse que partage par exemple Frederic Jiguet professeur au Muséum d’histoire naturelle. Chaque année, si l’on compte aussi les oiseaux comme les corneilles ou les corbeaux, ce sont plus d’un million d’animaux réputés nuisibles qui sont éliminés. Il trouve aberrant qu’il n’y ait pas d’évaluation de l’efficacité de la politique de destruction de ces animaux. Est-ce efficace pour réguler les populations ? Cela, a-t-il un sens économique ? Pour ce spécialiste de la biologie de la conservation, toutes ces questions se posent. Il y a aussi la question de l’éthique alors que nous sommes confrontés à une perte de biodiversité. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.