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Un 11 Novembre nouvelle formule ? "Attention à ne pas mélanger les guerres"

Alors que Nicolas Sarkozy entend désormais commémorer tous les soldats morts pour la France le 11 novembre, Nicolas Offenstadt, historien du Moyen-Age et de la Première guerre mondiale, invité de Mathilde Munoz, s'inquiète de ce "mélange des guerres" et évoque un "risque d'infidélité à la mémoire de ces soldats qui sont morts en 14-18".
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Cette "vieille idée" de commémorer les soldats morts pour la France pose deux questions, selon Nicolas Offenstadt : celle de l'histoire et celle de la mémoire. "Est-ce bon [pour l'une ou pour l'autre] de mélanger les conflits ? " s'interroge-t-il.

L'historien rappelle en effet que "14-18, c'est une guerre de conscription, c'était toute une société qui combattait. Aujourd'hui, les opérations extérieures, ce sont des armées de professionnels, qui n'ont rien à voir ". Pour lui, à opérer ce mélange des genres, il y aurait "risque d'infidélité à la mémoire de ces soldats qui sont morts en 14-18 ". Et d'ajouter que ce sont d'ailleurs leurs compagnons, c'est-à-dire les anciens combattants qui se sont battus pour faire de cette date un jour férié. En la "transformant en quelque chose de très général, on oublie un peu ces combats mémoriels ". Ce dont témoigne ce débat en tout cas, c'est d'un "besoin d'Histoire".

"Il y a une vraie demande de passé, parce que l'avenir politique est troublé"

Pour l'historien, "le passé devient un outils de réflexion ", et la Guerre 14-18 en particuliers -"qui apparaît à tort ou à raison comme un grand moment collectif "- un moyen de s'interroger sur le vivre-ensemble. mais ce besoin produit aussi, regrette-t-il, "des nostalgies qui ne sont pas forcément opératoires ". Nicolas Offenstadt, auteur d'un ouvrage intitulé L'Histoire bling-bling , regrette notamment le "surusage " que fait le président Sarkozy de l'Histoire.

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