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Stationnement des deux-roues payant à Paris : qui est Philippe Lerouge, inventeur de l’appli de paiement PayByPhone ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le site internet de l'application PayByPhone. (CAPTURE ECRAN)

Ce jeudi 1er septembre est un grand jour pour la start up qu’il a fondé en 2009, PayByPhone, et pour l’application du même nom aujourd’hui utilisée, pour les voitures, dans 230 villes en France - 11 pays d’Europe ainsi qu'aux États-Unis et Canada. En France, après Charenton et Vincennes, Paris est le premier grand test pour les deux-roues car la mairie rend payant leur stationnement dans la ville. C'est un sujet qui fâche parce que même avec un scooter électrique pour lequel il sera gratuit, il faudra quand même activer l’application au moment de se garer. La mairie de Paris a délimité 40 000 places pour 150 000 conducteurs de deux-roues environ.

Mais notre intrus, Philippe Lerouge, du haut de ses 54 ans ne raconte pas du tout la même histoire. Son but dans la vie était de faire bouger les choses et les simplifier. Il voulait être "disruptif". Diplômé d’économie à l’université de Paris Dauphine, il a commencé à cogiter quand il était dans la restauration collective, dans les années 1990 avec même un moment eurêka (comme on les aime dans ce genre de success story) . "En 2004, j'ai quitté le groupe Sodexo et c'est là que je me suis lancé dans l'aventure du paiement par mobile en essayant de tester des cas d'usages qui commençaient à se développer en Asie et en Afrique, explique Philippe Lerouge. Je devais payer mon stationnement et j'attendais que la pluie battante cesse. Et c'est là que en cherchant les meilleurs cas d'usage. Je me suis dit : 'Mais on pourrait vraiment payer à distance et c'est dommage qu'on ne puisse pas le faire'."

"C'était compliqué de payer son stationnement"

Philippe Lerouge raconte que convaincre Bercy a été compliqué avec beaucoup de lourdeur administrative. Il a ensuite fallu convaincre les villes. La première à se lancer fut Issy-Les-Moulineaux, puis Boulogne, le Havre et Paris pour les voitures où le stationnement en était encore au Moyen Âge. "Le paiement du stationnement a toujours été impopulaire, explique Philippe Lerouge, mais surtout parce que c'était compliqué de payer son stationnement. Si vous vous souvenez, il fallait à Paris une carte prépayée qu'on allait acheter dans les bureaux de tabac. Donc les gens finalement se disaient : 'Bon bah zut !' Vous aviez 10% des gens qui payaient leur stationnement. On a constaté qu'après un certain temps que grâce au paiement mobile, le taux de paiement augmentait."

"On avait des retours de gens qui disaient depuis que je le paye par smartphone, ça devient fun de le faire. Payer n'est jamais drôle, mais acheter est plutôt sympa."

Philippe Lerouge, fondateur de PayByPhone

à franceinfo

Des critiques ont été émises sur cette mesure de rendre payant le stationnement des deux-roues dans la capitale. Le dispositif est qualifié de "compliqué" et accusé de "ne pas inciter les gens à laisser la voiture et prendre un deux- roues". Concernant la décision globale, il renvoie la balle à la mairie de Paris. Mais l'argument environnemental, il y tient sur plusieurs points. D'abord, il dit que dématérialiser, c'est toujours éviter l'impression du papier, du ticket, la gestion des horodateurs qui sont en train de disparaître d'ailleurs au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas. Ensuite, quand on organise mieux l'espace public, on régule forcément le trafic. Donc là aussi, moins de pollution. Enfin, en favorisant les deux roues électriques qui ne vont pas payer. Le dispositif est censé être dissuasif de choisir un deux roues thermique.

Sur le côté pratique, Philippe Le Rouge a confié les commandes pour la France récemment à Sylvia Colloc, nouvelle patronne France, qui, admirative du parcours, évidemment, et ne lui dites pas que c'est compliqué. "C'est très simple, il faut mettre sa carte bancaire dans l'application et entrer son numéro de plaque d'immatriculation, explique Sylvia Colloc. Ça paraît simple mais ça veut dire beaucoup de développement derrière. Les tarifs ne sont pas les mêmes en fonction des arrondissements. Si vous êtes un simple visiteur, si vous êtes un président, si vous êtes un professionnel mobile, si vous êtes un professionnel sédentaire. Après, l'application ne va pas l'empêcher de se garer sur un trottoir, mais on n'est pas magicien non plus. "

La grille de tarif est longue, vous l’avez compris. En moyenne, ça fera 3 euros par heure. Pour la suite, PayByPhone travaille notamment sur les facteurs environnementaux justement. Au Royaume-Uni, dans certaines villes, les deux-roues ne paient pas le même tarif selon qu’ils émettent peu ou beaucoup de CO2. Quant à Philippe Lerouge, lui est en train de cogiter sur d’autres inventions, sur la mobilité notamment. En attendant, on va espérer pour lui… et surtout pour les conducteurs de deux-roues que tout fonctionne correctement demain.

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