: Témoignages Stationnement payant des deux-roues motorisés à Paris : "La réflexion va même jusqu'à complètement arrêter le scooter", confient des usagers
La mesure devait entrer en application au 1er janvier, mais cette fois c’est la bonne. A partir du 1er septembre, motos et scooters vont devoir payer le stationnement à Paris intramuros. Si les résidents parisiens et certains professionnels beneficieront de tarifs allégés, l’addition pourra s’averer salée pour les banlieusards.
"J'ai cru voir que ça allait coûter presque 40 euros par jour de frais de stationnement !" Philippe, venu de banlieue en plein coeur de Paris, exagère, mais à peine. Et de conclure : "Le scooter thermique, ça devient compliqué..." Et pour cause : le stationnement payant pour les deux-roues motorisés thermiques à Paris, prévu pour le 1er septembre, entre dans le concret avec l'ouverture ce lundi du service d'enregistrement des véhicules, indispensable pour bénéficier d'un tarif préférentiel.
À partir de la rentrée, tous les propriétaires devront ainsi passer par l'un des 4.000 horodateurs ou les applications mobiles dédiées, pour des tickets dématérialisés.
Pour les motos et scooters électriques, le stationnement restera gratuit à condition d'avoir renseigné la plaque d'immatriculation, sans quoi les propriétaires devront s'acquitter du tarif visiteur. Les propriétaires de deux-roues thermiques résidant dans la capitale et les professionnels basés à Paris et dont l'activité est principalement sédentaire, eux, pourront bénéficier d'un abonnement à 22,50 euros l'année pour payer 75 centimes par jour de stationnement. Les résidents pourront rester une semaine maximum sur le même emplacement. Les professionnels basés à Paris ou en banlieue et ayant une activité principalement mobile auront le droit à un abonnement de 120 euros l'année ouvrant le droit à un stationnement de sept heures maximum à 25 centimes l'heure. Les autres pourront bénéficier d'un abonnement de 70 ou 90 euros par mois dans 40 parkings de la Ville - 90 à la fin de l'année - ou du tarif visiteur, correspondant à la moitié de celui appliqué pour les voitures: 3 euros de l'heure dans le centre de la capitale, 2 euros dans les arrondissements extérieurs. Toujours sous réserve d'avoir bien renseigné sa plaque d'immatriculation au préalable, les personnes en situation de handicap et les soignants à domicile pourront stationner gratuitement une journée.
À partir du 1er septembre, le stationnement devient payant pour les motos et scooter thermiques. Objectif : inciter à l'usage de moyens de transports moins polluants. Des abonnements seront disponibles pour les résidents et professionnels.
— Paris (@Paris) June 24, 2022
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"Le thermique, en tout cas, c'est terminé !"
Comme Philippe, donc, il faudra débourser trois euros de l’heure pour garer son scooter en surface à Paris. Ce qui va finir par coûter cher, surtout quand on habite en banlieue et qu’on ne bénéficie pas du tarif résident. C’est aussi le cas de Nicolas, un commercial qui démarche ses clients équipé de son scooter : "J'habite dans le 94, à Saint-Maur-des-Fossés. J'ai pour habitude de ne pas payer mon stationnement, c'est aussi pour cela que j'ai un scooter. Donc, chaque fois que je vais stationner quand je vais chez un client, je vais devoir payer. Sachant que j'y passe en moyenne deux à trois heures, et bien, ça fait 6 euros. Ca fait mal..."
Tellement mal que beaucoup d’utilisateurs de motos et scooter s’apprêtent à passer à un modèle électrique, dont le stationnement restera gratuit en surface. Une transition écologique accélérée pour Jules, venu justement essayer un modèle de moto électrique. "Je m'étais fixé deux ans pour trouver des modèles intéressants. L'année dernière, ce n'était pas le cas après un petit tour du marché, par exemple. Là, ça devient intéressant et l'élément déclencheur qui m'a fait changer, c'est ça, ce stationnement payant. La réflexion va même jusqu'à complètement arrêter de prendre des scooters parce que, in fine, on peut très bien partir sur le vélo ou les transports en commun. Le thermique, en tout cas, c'est terminé !", assure-t-il.
Parmi les arguments pour faire payer les deux-roues motorisés, il y a l’occupation du domaine public, la pollution sonore ou encore les rejets polluants des pots d'échappement des modèles essence. "Certains polluants sont fortement émis par les deux-roues, d'autant plus quand ils sont mal entretenus au niveau du pot d'échappement, assure ainsi le directeur de l’association Respire, Tony Renucci. Récemment, nous avons fait un recours en justice contre la mairie de Paris et la préfecture de police de Paris parce qu'il n'y a pas de contrôle en circulation."
DIRECT - Le stationnement devient payant pour les deux-roues à Paris ➡️ "Je comprends leur colère. Mais ce que je veux aussi leur dire, c’est que c’est une mesure d’équité par rapport aux automobilistes”, réagit David Belliard, adjoint EELV aux transports. pic.twitter.com/Sy9RHQ2AGN
— franceinfo (@franceinfo) June 27, 2022
Le forfait post-stationnement, qui a remplacé l'amende, correspond à six heures de stationnement et à la moitié du tarif dû par les voitures (25 ou 37,50 euros) et a rapporté environ 80 millions d'euros en 2021 à la Ville, selon la direction de la voirie. Motos et scooters bénéficient déjà de 42.000 places dédiées dans la capitale, dont 1.000 créées depuis 2021 sur les 5.000 nouvelles promises pendant le mandat, a souligné David Belliard, précisant sur franceinfo qu'il s'agit d'une "mesure d'équité" vis-à-vis des automobilistes payant déjà le stationnement tout en comprenant "la colère ou l'incompréhension" des usagers.
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