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Congrès FNSEA : qui est Arnaud Rousseau qui sera bientôt "le" nouveau visage de l’agriculture française ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Arnaud Rousseau Agriculteur président d' Avril, le 13 octobre 2022. (MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Le congrès de la FNSEA qui s’ouvre mardi 28 mars à Angers commencera par renouveler le conseil d'administration de quasiment 70 membres, qui éliront, le 13 avril, le nouveau président. Théoriquement, les candidats peuvent se faire connaitre jusqu’au 11 avril. Mais depuis que Christiane Lambert a annoncé qu’elle partait en décembre, ça ne s’est pas bousculé au portillon, Arnaud Rousseau le seul candidat, lui qui préside, pour l’heure, le conseil d’administration d’Avril, énorme groupe d’oléagineux et aliments pour bétail -  7000 collaborateurs et sept milliards de chiffre d’affaires. Il est également à la tête de la FOP qui regroupe les producteurs d’oléagineux .

Maire de son village depuis 2014

Avec Arnaud Rousseau, en tout cas, changement de profil par rapport à Christiane Lambert, qui était éleveuse. Il a 49 ans et disons que c'est un industriel avec un pur ADN agricole. Il faut d’ailleurs être soi-même agriculteur ou exploitant pour adhérer à la FNSEA mais aussi pour piloter ce groupe AVRIL. Dans son cas, cela dure depuis six générations, sur une parcelle de 700 hectares de colza, betteraves, blé, maïs, et légumes de plein champ désormais, située à Trocy-en-Multien. Une commune de 250 habitants, en Seine et Marne. Il est d’ailleurs aussi maire du village depuis 2014, comme son père et son arrière grand-père. 

Formé en école de commerce, à l’European Business School de Paris, il a d’abord eu plusieurs expériences à l’étranger : six mois à Munich dans une entreprise allemande de semence ou encore un stage à Londres, chez Nicolas, le caviste. Formé aussi par l’armée, Arnaud Rousseau est officier de réserve, il est monté jusqu’au grade de capitaine. Un général lui avait conseillé de faire cette préparation militaire dont il dit avoir beaucoup appris pour discerner et manager les hommes et dont il tire un gout prononcé pour les organisations "structurées". Il rejoint la ferme familiale en 2002, après un passage notamment à l’Union nationale des coopératives agricoles. 

À 49 ans, son existence reste marquée par un "déclic" qu’il raconte d’ailleurs dans un podcast qui intitulé "déclic". EN 2010, il a 36 ans lorsqu’il est victime d’un très grave accident, de ceux qui donnent au bout du compte beaucoup de force. "Je suis tombé dans mon puit élévateur, c'est un silo de stockage de grain, raconte-t-il. J'ai fait une chute de quasiment neuf mètres. Le genre d'accident dont normalement on ne réchappe pas. Je suis remonté tout seul à la force des bras avec les deux jambes cassées. Neuf mois après, je suis allé marcher sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en allant jusqu'à Saint-Jacques. D'abord pour me prouver que j'étais capable de remarcher, 1500 kilomètres cela permet de bien étalonner les choses, ensuite cela m'a permis de comprendre que tout pouvait basculer en très peu de temps. Prendre le temps dans un monde qui en a peu, c'est finalement cela la vraie richesse." Aujourd’hui encore il fait beaucoup de randonnée, notamment avec sa femme et ses trois enfants. 

Le scepticisme des associations environnementales

En ce printemps 2023, Arnaud Rousseau arrive à la tête de la FNSEA en pleine actualité sur les bassines agricoles. Dans l’attente de son élection, il refuse de s’exprimer suite aux manifestations de ce week-end mais il l'avait fait en février à l’occasion des cinquièmes "controverses de l’agriculture". Un entretien dans lequel il condamne très fortement les violences des opposants à ces bassines dont il défend le principe. Lui-même vient clairement de l’agriculture céréalière qui consomme beaucoup d’eau mais il affirme vouloir avancer – et avoir déjà commencé à le faire - vers une agriculture plus économe. "Depuis près de 15 ans, c'est près de 30 % d'utilisation de l'eau en moins dans l'agriculture", expliquait Arnaud Rousseau, à cette occasion. Sur mon exploitation, depuis deux ans, je produis du tournesol qui est une culture dont les produits en eau sont très faibles. C'est aussi le sol avec le non labour, les inter-cultures ou le travail simplifié permettront d'avoir un niveau de stockage qui favorisera le cycle des plantes. Ce sont les outils d'aide à la décision, notamment les sondes capacitives, ou le goutte à goutte. Et on sait que demain, on a des champs du possible et donc on fera mieux." 

Les associations environnementales sont assez sceptiques. Les uns et les autres se connaissent un tout petit parce que c'est Arnaud Rousseau qui a piloté, pour la FNSEA, les discussions au moment de la rédaction de la PAC, la politique agricole commune. Si les ONG sont méfiantes, c’est aussi que la présidence du principal syndicat agricole français revient à un profil d'industriel, actif dans les agrocarburants et dans l'alimentation des animaux d'élevage. Un profil qui rappelle Xavier Beulin, l’ancien président de la FNSEA mort subitement en 2017, à qui Arnaud Rousseau a précisément succédé à la tête du groupe Avril, et qui lui avait mis le pied à l'étrier du syndicalisme. Nul doute qu’il sera attendu dès son élection programmée le 13 avril. 

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