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Bayrou-Borloo : l'éternel retour de l'UDF

François Bayrou et Jean-Louis Borloo vont célébrer leur union, ce mardi après-midi, lors d'une conférence de presse commune. Le Centre sert-il encore à quelque chose 
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Vous
pouvez poser la question à l'envers : a-t-il déjà été utile ? Si ce
n'est à produire un président libéral, Valéry Giscard d'Estaing, qui aura
permis il y a quarante ans à la Vème République de tourner en douceur la page
du gaullisme, avant que les Français ne s'adonnent aux joies de l'alternance et
de la cohabitation. Le centre, évidé en 2002 par la constitution de l'UMP, est
devenu une force supplétive d'appoint. Comme le Parti communiste à gauche.

Le PACS de ceux que vous appelez " 
les deux B " a été annoncé sur Twitter dimanche par les deux intéressés
.

L'Alternative

  • il parait que c'est le nom de cette énième déclinaison de l'UDF - est l'union
    d'un chef, Bayrou, éternel candidat à la présidentielle, toujours populaire, mais
    sans troupe, avec un autre chef, Borloo, un passionné créatif, qui dispose de soixante-dix
    parlementaires, mais déteste les mener à la bataille. Leur brouille remonte à
    dix ans en arrière. Le temps du pardon. Jean-Louis Borloo a claqué la porte de
    la nouvelle UDF de François Bayrou pour rejoindre l'UMP. Et pendant une
    décennie, Borloo a dit de Bayrou qu'il avait le melon et ne pensait qu'à sa
    trajectoire présidentielle. Et Bayrou a dit de Borloo qu'il n'avait pas de corones ,
    et ne s'intéressait qu'à sa carrière ministérielle. Le flirt de Bayrou avec
    Royal, puis Hollande, et la fidélité de Borloo à Sarkozy et Tapie auraient dû
    rendre les deux hommes irréconciliables.

Et ils se sont réconciliés ?

Mais
oui : Jean-Louis Borloo annonçait il y a un an qu'avec son UDI, il allait
virer en tête aux prochaines européennes, et a vite réalisé que ce ne serait
pas possible sans toute la famille centriste réunie, pour faire face à la
poussée du Front national. François Bayrou quant à lui s'est rendu compte que
ses appels du pied à François Hollande sont restés lettre morte, et s'est
retrouvé bien seul à la tête d'un Modem famélique. Les "2B" ont donc fait la
paix. Parce qu'en vérité, ces deux animaux politiques s'apprécient réellement.

Qu'est-ce que cela va changer ?

Déjà la
capacité de nuisance : " nous risquons de le payer cher ",
explique un chef de l'UMP, qui redoute qu'avec un centriste dans les pattes et une
Marine Le Pen à plus de 20%, son parti, même avec Nicolas Sarkozy candidat,
soit disqualifié pour le deuxième tour de la présidentielle. Quant à François
Hollande, " en méprisant Bayrou, il a raté le coche de l'ouverture, cela
relève de l'accident industriel ", analyse un leader centriste. Les " 2B " ne
semblent plus vraiment disposés à servir de force d'appoint au PS.

Le vieux rêve d'un parti
social-démocrate est mort ?

Cet
Atlantide politique existe réellement, et va d'Ayrault à Borloo, en enjambant
les frontières des partis issus de l'après-guerre. Tout le monde a oublié que
Michel Rocard sous Mitterrand en 88 avait embauché des ministres UDF, Michel
Durafour ou Jean-Pierre Soisson. Une tentative sans lendemain. L'Alternative
qui sera lancée cet après-midi à la Maison de la Chimie à Paris, à défaut de
proposer une nouvelle société, pourrait concentrer un vote sanction, quels que
soient les scrutins, en faveur d'une sorte d'extrême-centre, pour tous les
électeurs rétifs à Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. François Bayrou promet
un " évènement qui va intéresser les Français ". Une aventure originale.
Si la greffe prend.

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