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Intermarché s’engage à "acheter plus cher les produits à forte composante agricole"

La loi Alimentation va bientôt entrer en vigueur et les promotions vont être plus strictement encadrées. Thierry Cotillard, président d’Intermarché, assure qu'au final, le prix sur le ticket de caisse sera le même pour le consommateur.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Thierry Cotillard, président d'Intermarché. (RADIO FRANCE / CAPTURE D'ÉCRAN)

Avec l'entrée en vigueur de la loi Alimentation, plus question de brader les pots de Nutella à -70% comme l'avait fait Intermarché en janvier 2018, provoquant de véritables échauffourées. 

franceinfo : Comment le troisième distributeur français va-t-il pouvoir continuer à grignoter des parts de marché à Leclerc et Carrefour?

Thierry Cotillard, président d'Intermarché :  Intermarché a une croissance importante en 2018 et en 2019, l’enseigne aura 50 ans. Donc, malgré le cadre législatif, l’ambition c’est de continuer à aller chercher notre croissance sur le chiffre d’affaires de nos concurrents et pour ça, on a plein d’atouts. On a cette posture unique de producteur-commerçant et aujourd’hui on fait la différence sur les produits frais, le bio et également pas mal de services qu’on propose à nos clients.

Avec le recul, est-ce que brader le Nutella a été une bonne affaire pour Intermarché ?  Est-ce que les prix vont augmenter ou baisser l’an prochain dans vos magasins ?

Cette affaire Nutella a mis en exergue le sujet du pouvoir d’achat en France. On peut être évidemment ému par toute l’incivilité qui a entouré l’évènement mais nous on a retenu que quel que soit le cadre législatif, le combat d’Intermarché doit rester quand même la défense du pouvoir d’achat. Les prix, par le cadre législatif vont augmenter. Intermarché a, à peu près, 20 000 références. Retenez que 1 000 produits devront augmenter d’une proportion de 1 à 10%. Par contre, notre métier de discounter, c’est la péréquation. Donc, face à des hausses imposées par l’État, nous aurons liberté, dans nos intermarchés, d’appliquer des baisses sur d’autres produits. On a une stratégie commerciale qui vise probablement le secteur non alimentaire. Les shampooings par exemple pourraient voir des baisses significatives parce qu’au final, l’intérêt c’est que le ticket de caisse pour le consommateur reste à peu près du même montant.  

Est-ce que vous soutenez cette loi qui s’est donné comme objectif notamment de mieux rétribuer les agriculteurs ?  

L’heure va maintenant être à passer aux actes. On était quand même nombreux autour de la table pour évoquer la redistribution des cartes. L’engagement que je prends avant même le début des négociations commerciales entre distributeurs et industriels où évidemment le jeu est toujours d’acheter moins cher, c'est d’acheter plus cher les produits à forte composante agricole. Nous irons dans la continuité de la charte signée, c’est-à-dire que les produits laitiers (fromages et yaourts), s’il faut revaloriser le prix d’achat auprès des industriels, nous le ferons à partir du moment où nous aurons la garantie que l’industriel va rémunérer de manière plus significative l’agriculteur. Et là, tous les industriels ne sont pas à mettre dans le même sac. Bel a très bien joué le jeu (Babybel, Kiri, etc.). Je ne crois pas forcément au ruissellement par miracle. Par contre, je crois en un monde meilleur et j’ai plutôt envie de citer ceux qui jouent le jeu. Je vous donne rendez-vous dans 3 ou 4 mois à la fin des négociations pour vous dire les industriels qui n’auraient pas accepté la redescente de nos revalorisation de prix dans la poche des agriculteurs.

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