"200 000 entreprises exportatrices à l'horizon 2030", c'est l'objectif pour Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France

Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, l'agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française, était l'invité éco de franceinfo, mercredi 4 octobre.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Fin août, le ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité, Olivier Becht, a annoncé le plan Osez l'export qui consacre une enveloppe de 125 millions d’euros pour soutenir les entreprises qui exportent ou qui le souhaitent. Airbus et les vins de Bordeaux sont les champions de la France qui s'exporte bien à l'international.

Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, l'agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française était l'invité éco de franceinfo.

franceinfo : Aujourd'hui les entreprises françaises qui exportent à l'international ne concernent que quelques secteurs. Comment faire en sorte que d'autres secteurs se lancent aussi à l'international ?

D'abord en réindustrialisant, en produisant en France. Vous savez, quand vous délocalisez, c'est la double peine, vous n'avez plus les moyens d'exporter et au contraire vous importez les produits. Et c'est pour ça que la France a un déficit commercial aussi important [ndlr 8 milliards d'euros en juillet dernier]. Et donc, pour conjurer cela, il faut d'abord réindustrialiser avec le plan France 2030, 54 milliards d'euros, des priorités sectorielles affirmées, notamment de décarbonation de l'industrie. On va se donner les moyens, ça prendra des années. On va se donner les moyens de reproduire chez nous davantage pour pouvoir exporter demain. Et puis il faut aussi que nous ayons davantage d'entreprises qui se lancent à l'export, qui ose l'export. Il faut absolument sortir d'une idée trop souvent répandue en France que "l'export, ce n'est pas pour moi". Je suis une PME de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires. "L'export, c'est trop compliqué", c'est un mal français qu'il faut conjurer.

La moitié de la valeur des exportations à l'international, ce sont des grandes entreprises. Les PME (Petits et Moyennes Entreprises) et les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaires) se partagent le reste ?

Absolument. Et nous avons un très beau tissu de PME dans notre pays. Et il faut que ces PME, elles se lancent, mais pour ça, elles ont besoin d'être accompagnées. Elles ont besoin de Business France, elles ont besoin des autres acteurs. On a appelé ça la Team France Export. On est plusieurs dans cette équipe. Il y a aussi les chambres de commerce. Il y a aussi Bpifrance et donc on est ensemble justement pour accompagner le chef d'entreprise. Parce que oui, c'est difficile. Oui, c'est un investissement de partir à l'export. Mais quand ça marche, c'est extrêmement payant. La Team France Export est à l'œuvre. Mais croire que seul le guichet unique des accompagnateurs résoudrait la question, c'est un leurre. Il faut aussi que culturellement, dans notre pays, on se mette davantage à l'export, donc on réindustrialise, on l'a dit, c'est la condition sine qua non. Mais il faut aussi que plus d'entreprises s'y mettent. On est à peu près à 145 000-150 000 PME exportatrices aujourd'hui en France. Il faut qu'on se donne un cap. Le ministre Olivier Becht l'a donné 200 000 entreprises exportatrices à l'horizon 2030. C'est ça qu'on doit se fixer. Et pour ça, il n'y a pas de miracle. Il faut qu'on aille les voir. Il faut qu'on fasse du porte-à-porte auprès des chefs d'entreprise et d'ailleurs toutes celles qui nous écoutent, ce soir, toutes les entreprises, toutes les petites start-up qui ne sont pas encore à l'international, elles vont voir Business France dès demain matin et on va les accompagner.

Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Olivier Becht, a lancé un plan baptisé Osez l'export à destination des PME et des outils, doté de 125 millions d'euros. À quoi il sert cet argent ?

Il sert à aider justement les entreprises qui hésitent encore. Alors on peut les aider financièrement à se lancer, notamment, vous savez, en allant dans les endroits où on connecte le business, les grands salons thématiques sectoriels qui sont très importants partout dans le monde pour aller connaître les premiers acheteurs. On va avec eux, on l'organise, on fait du pavillon France dans les grands salons mondiaux et on subventionne justement la participation des entreprises. On va pousser cette subvention à 30%. Donc ça, c'est très, très concret. On va aussi faire venir les acheteurs étrangers en France. Il ne faut pas oublier que l'export, ça commence en fait dans nos régions françaises. Donc on fait venir des acheteurs en France. On va aussi pousser davantage nos PME sur le commerce, le digital, ce qu'on appelle les marketplaces en bon français. Et donc il y a toute une série de mesures comme ça qui font qu'on va muscler la palette d'outils d'accompagnement en finançant davantage. Et on va se diversifier aussi dans les solutions d'accompagnement. Mais aujourd'hui, je le répète, un patron de PME de TPE qui n'est pas à l'export, c'est un patron à qui on n'a pas encore assez démontré les opportunités de croissance, de chiffre d'affaires, de marges, de partenariats technologiques, et cetera, qu'il doit absolument saisir.

Où est ce que vous leur conseillez d'exporter ?

Selon chaque secteur, selon chaque pays, la méthode d'accompagnement va différer parce que la complexité juridique et de technique d'approche des acheteurs locaux sera différente. Et ça, c'est notre métier à nous, notre expertise Business France, 1 500 collaborateurs expertisés par métier, par secteur géographique. Nous sommes présents dans 80 bureaux dans le monde justement pour faire cette connexion business. Donc on va le diagnostiquer avec le chef d'entreprise, ce besoin-là. N'oubliez pas qu'on peut aussi très bien réussir dans le grand export. Très loin, sur l'Indopacifique par exemple. L'Amérique latine, l'Afrique sont de formidables opportunités pour beaucoup d'entreprises françaises qui veulent exporter. Donc la question de la destination, elle viendra en temps voulu quand on aura diagnostiqué le potentiel à l'export de ces entreprises. Mais d'abord, j'insiste, culturellement, on débloque ce verrou français qui est que l'export, ce n'est pas pour moi. Si c'est pour tout le monde. Tout le monde a une possibilité de succès à l'export et tout le monde doit franchir ce cap. Ça doit vraiment être la nouvelle grande cause économique de notre pays. Si on veut vraiment avoir ce solde commercial positif demain. Parce que ça, c'est un signe de prospérité pour un pays.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.