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Pour le député LR Eric Ciotti, "15 000 places de prison supplémentaires, ce n'est pas assez"

Le député Les Républicains Eric Ciotti était l'invité de "L’Interview J-1", lundi, sur franceinfo, à la veille de la présentation par Emmanuel Macron du plan pour les prisons et l'efficacité des peines.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8 min
Eric Ciotti,  député de la première circonscription et président du Département des Alpes-Maritimes. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Le député des Alpes-Maritimes et président de la commission d’investiture du parti Les Républicains, Eric Ciotti, était l'invité de "L'Interview J-1", lundi 5 mars, à la veille de la présentation à Agen par Emmanuel Macron du "plan global sur le sens et l'efficacité des peines" de prison.

Le président de la République doit annoncer la construction de 15 000 places de prison supplémentaires. Un nombre insuffisant pour Eric Ciotti qui juge également que les peines sont "mal exécutées en France".

franceinfo : Emmanuel Macron est à Agen demain pour parler prison et politique pénale et il va détailler sa promesse de créer 15 000 places de prison supplémentaires. Est-ce qu'il en faudrait plus ?

Eric Ciotti : Il en faudrait plus. Nicolas Sarkozy m'avait demandé de rédiger un rapport sur l'exécution des peines, en 2010. A l'époque, nous disposions de 56 000 places de prison en France. Et je proposais que nous en ayons 80 000 à l'horizon 2017.

Durant la campagne de François Fillon, vous souteniez 16 000 places supplémentaires.

Aujourd’hui, nous manquons cruellement de places de prison. 15 000 c’est un progrès, mais c’est insuffisant. D'ailleurs, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, est revenue sur ce chiffre, en promettant 15 000 places sur deux mandats, alors que dans la promesse d’Emmanuel Macron, c’était 15 000 sur un seul mandat.

Il faut 5 ans en moyenne pour construire une prison. Emmanuel Macron propose donc d’étudier des alternatives : Travaux d’intérêt général, bracelets électroniques, sursis avec mises à l’épreuve. Est-ce que les Républicains sont ouverts à ces alternatives ?

J’ai envie de vous dire : "Coucou, Taubira est de retour !" Les alternatives à la peine, c’est la contrainte pénale. C’est ce qu’a fait Madame Taubira. Il y a 100 000 peines de prison ferme qui ne sont pas exécutées parce que nous manquons de places de prison, parce que la France est un des pays de l'Union européenne qui recourt le moins à l’incarcération.

Cette statistique est contestée par l’inspection générale de la justice.

Nous avons 104 détenus pour 100 000 habitants, quand en Grande-Bretagne, c’est 150 détenus pour 100 000 habitants. Aujourd’hui, en France, quand quelqu’un est condamné à deux ans de prison ferme, il ne fera pas un jour de prison dans presque la totalité des cas. Parce que il y a cette hypocrisie qui consiste à aménager la peine, à mettre un bracelet, à recourir à une alternative à la peine. Les tribunaux souverains, quand ils prononcent une peine de prison ferme, quand les victimes voient que les auteurs ne font pas un jour de prison, quand les policiers voient que ces personnes ne sont pas incarcérées, cela veut dire qu'il y a un problème du sens de la peine. C’est ça qu’il faut revoir et j’invite le président de la République à être plus fort, plus audacieux, plus courageux.

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