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L'info de l'Histoire : Turquie-Israël, un nouveau divorce

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida. Samedi 28 octobre : les relations entre Israël et la Turquie.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le président Erdogan présent à la manifestation en soutien à la Palestine, organisée le 28 octobre 2023 à Istanbul (Turquie) (TOLGA ILDUN / MAXPPP)

Le président Recep Tayip Erdogan a appelé à une grande manifestation de solidarité avec Gaza, samedi 28 octobre 2023 à Istanbul.  C'est un nouveau renversement des relations entre la Turquie et Israël.

Pourtant tout avait plutôt bien commencé entre ces deux pays. La géopolitique les rapprochait : l’un se servait d’Israël pour contrebalancer la montée en puissance de l’Egypte de Nasser, quand l’autre y voyait un moyen de desserrer l’étau des Etats hostiles de la région. Deux pays multiconfessionnels avec une dimension laïque.

Ils échangeaient du renseignement et des marchandises, notamment de l’eau, indispensable pour Israël. Le point d’orgue de cette alliance se trouve en 1996, avec la signature d’un accord de coopération militaire. Israël va notamment moderniser l’aviation militaire turque.

L’arrivée au pouvoir d’Erdogan et de l’AKP modifie la donne

L’AKP, créé par les Frères musulmans comme le Hamas, veut établir une suprématie de l’islam et Erdogan se rêve en restaurateur de l’empire ottoman. Plusieurs confrontations verbales surviennent : en 2004 quand Israël assassine le Cheikh Yacine, puis quand est établit un blocus de Gaza après l’arrivée au pouvoir du Hamas au pouvoir, en 2007.

Surtout, du sang sépare les deux Etats avec l’attaque par des commandos israéliens d’une flottille humanitaire partie de Turquie pour forcer le blocus de Gaza. Nétanyahou doit verser des indemnités aux victimes pour ramener un calme relatif en 2013. Mais dès l’année suivante, en 2014, l’intervention militaire à Gaza provoque une réaction virulente d’Erdogan, qui dit que les Israéliens sont "pires que Hitler". Cette fois, il faudra attendre jusqu’en 2022 pour voir une normalisation des relations.

Le conflit actuel éloigne à nouveau ces anciens partenaires, dont les accords militaires n’ont plus guère de sens. Car Erdogan rêve de jouer le rôle de chef d’une coalition musulmane globale. La grande manifestation de ce 28 octobre lui permet de se montrer en chef religieux, en opposition avec l’idéal d’une république laïque voulu par Mustapha Kemal Ataturk voici exactement un siècle. On devait justement en célébrer la naissance dimanche.

Pour la minorité juive de Turquie, ces tensions peuvent être de mauvais augure. Quand la politique se calque sur la religion, l’intolérance avance.

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