L'empire des séries. "Engrenages", une ultime saison lumineuse au cœur des mineurs migrants
"Engrenages", la série qui a révolutionné le genre policier en France, entame son ultime saison. Une saison qui clôt brillamment cette réalisation qui a débuté il y a 15 ans sur Canal+. Rencontre avec sa scénariste, Marine Francou.
Cela fait 15 ans qu’on les suit, la capitaine de police judiciaire, Laure Berthaud, son collègue Gilou, désormais en prison, et l’avocat sans états d’âme, Joséphine Karlsson. On les a vus cabossés par les enquêtes, par la vie, les faits criminels, on a découvert les imbrications précises entre police et justice, avec justesse, sobriété sans voyeurisme, toujours dans un univers réaliste. L’ultime saison d’Engrenages ne déçoit pas. Elle est diffusée chaque lundi soir sur Canal +.
Pour cette 8e saison, je voulais parler des migrants et mettre un visage sur cette réalité
Marine Francou, scénariste de la 8e saison d'Engrenagesfranceinfo
Une saison qui s’ouvre comme toujours sur un cadavre
Cette fois, il s'agit d'un jeune marocain dans le tambour d’un lavomatic. L’envie pour Marine Francou, désormais aux commandes, de raconter en parallèle de la trajectoire des personnages le sort des migrants et des mineurs marocains : "C’était une envie comme ça, suite à la lecture d’un livre. De parler des migrants, et cette envie que le mort de la saison 8 soit un migrant, quelqu’un dont on ne connaît pas l’identité."
On est tombé sur une photo publiée dans le journal "Le Monde" où on voyait trois jeunes mineurs marocains endormis dans les tambours d’un lavomatic et tout de suite, ça a fait tilt dans notre tête.
Marine Francou, scénariste
Depuis toujours, Engrenages se veut très réaliste dans sa représentation de la société, des policiers et de la justice. Cette saison est à l’unisson, avec des images volées sur les campements de migrants, Porte de la Chapelle à Paris.
"Il y avait cette incarnation qu’on pouvait faire avec ce jeune Souleymane, mettre une identité, un visage, sur une réalité parfois abstraite ; effectivement, ça vit dans la réalité de tout ce qui entoure le secteur de la Porte de la Chapelle, avec ce paradoxe que je trouve assez fort : le nouveau Palais deJustice est à cinq minutes de là, dans toute sa majesté, dans toute sa modernité, et à cinq minutes de là, il y a les tentes de la Porte de la Chapelle."
Il fallait finir la série en répondant à cette question : nos héros ont-ils droit au bonheur ?
Marine Francou, scénariste de la 8e saison
La série toujours aussi bien jouée par Thierry Godard, Caroline Proust, Audrey Fleurot, et le nouveau policier apparu la saison dernière, Tewfik Jallab. Action, suspense, maîtrise de la réalisation, et aussi, fin de la trajectoire de ces personnages. Une fin qui tient la route, mais il fallait la trouver : "La question fondamentale qu’on se pose, comme ce sont des personnages qui sont très cabossés, ont vécu énormément de chocs pendant ces huit saisons, c’est : est ce qu’ils ont le droit au bonheur ? Pour le savoir il faudra regarder les 10 épisodes."
Une 8e saison prenante qui se termine avec brio.
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