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Montebourg et Sapin, rivaux ou alliés à Bercy ?

Ils promettent de parler d'une seule voix, ou de co-décider. La nouvelle répartition des charges entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg surprend, mais finalement, elle ne devrait pas être si difficile à mettre en œuvre... sur le papier au moins.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 20 min
  (©)

Oui, comme le souligne Michel Sapin, cette
répartition prévaut en Allemagne. Elle s'y révèle efficace, les dirigeants Français
l'ont constaté.

Dans le gouvernement Merkel, les
Finances sont détenues par un CDU, Wolfang Schauble, et l'économie est du
ressort du SPD Sigmar Gabriel. Lors des échanges entre les deux pays, cette
dualité, y compris politique, n'a pas soulevé de difficultés.

Michel Sapin, ministre des Finances et
des Comptes publics négociera donc à Bruxelles tout ce qui concerne les
engagements financiers et budgétaires de la France.

Arnaud Montebourg lui, en tant que
ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique se chargera
de l'économie réelle, des entreprises et de l'industrie.

Il l'assure déjà, maintenant que les 7
précédents ministères se regroupent sur deux titulaires, il sera plus facile de
discuter et donc de co-décider. La co-décision sera la règle promet Arnaud
Montebourg.

Si Arnaud
Montebourg et Michel Sapin ne s'opposent pas sur leurs  périmètres de compétence, ce sont leurs tempéraments
qui peuvent les opposer.

Là, c'est évident. Ils sont totalement
différents.

Autant Arnaud Montebourg est éruptif,
bavard et exubérant, autant Michel Sapin apparaît d'humeur égale, posé, et
avare de confidences.

Mais le ministre des Finances, a beau se
montrer réservé, il est également plein d'humour, et plutôt chaleureux dans ses
relations humaines, plus assuré qu'Arnaud Montebourg, qui a souvent besoin d'une
reconnaissance bien visible.

Michel Sapin se contente de la confiance
de François Hollande, son ami de jeunesse, puisqu'ils se sont connus en faisant
leur service militaire, et ne se sont jamais fâché depuis.

Deux tempéraments différents, donc,
tellement différents qu'ils peuvent tout aussi bien se compléter.

Si rivalité il y a, en tout cas, elle
sera sans doute plus délicate pour Arnaud Montebourg, puisqu'il a déjà ouvert
deux fronts de conflits.

Il s'oppose
à Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, à propos du commerce
extérieur.

Traditionnellement, ce porte-feuille
dépend de l'économie, à Bercy.

Mais Laurent Fabius a demandé à étendre
ses compétences au commerce extérieur et au tourisme.

Extension qu'il avait déjà commencé à
mettre en œuvre dans le gouvernement précédent, quitte à tordre el bras des
ministres concernés.

François Hollande l'entendu, et lui a
donné le titre de Ministre des Affaires Etrangères et du développement international.
Qui logiquement reprend le commerce extérieur. Le nouveau porte-parole du gouvernement,
Stéphane Le Foll, l'a confirmé ce matin.

Mais Arnaud Montebourg ne s'incline pas.
Il s'appuie sur les fonctionnaires de Bercy, très peu désireux de changer de
tutelle.

Une dizaine de secrétaires d'Etat seront
nommés la semaine prochaine. Mais il vaudrait mieux mettre un terme à ce
suspens avant, sinon cette dispute ne serait pas sans rappeler les couacs dont Arnaud
Montebourg était fervent dans le précédent gouvernement. 

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