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Mauvais hasard pour Nicolas Sarkozy. Son ancien fief se rappelle à son bon souvenir

Nicolas Sarkozy doublement dans l'actualité aujourd'hui pour un discours devant l'association des amis de Jacques Chaban-Delmas et pour cette information que France Info vous révélait ce matin : la Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France s'intéresse à la gestion des Hauts-de-Seine quand il présidait le Conseil général.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 20 min
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La chambre régionale des comptes d'Ile-de-France contrôle la
gestion des Hauts-de-Seine.Normal direz-vous. Vérifier la bonne utilisation
des deniers publics dans les collectivités territoriales.

C'est la mission de
cette instance qui dépend de la cour des comptes. Mais ce qui est plus
inhabituel, c'est que ses investigations remontent à aussi loin. A la période
2004-2007 donc quand Nicolas Sarkozy présidait le département. En général, les
chambres régionales ne remontent qu'à cinq ans, réagit d'ailleurs l'actuel
Président du Conseil général, Patrick Devedjian, qui a des relations houleuses
avec son prédécesseur. Le contrôle en cours porte notamment sur le très haut
débit. Le déploiement de la fibre optique. Un marché décroché par
Numéricable. L'opérateur qui a reçu un important soutien du Conseil général
dans le cadre d'une délégation de service public. Une subvention de 59
millions d'euros

Certains sarkozystes dénoncent déjà une opération
politique

Dans l'entourage même de l'ancien Président, on qualifie ce
contrôle de "curieux".  Aucune inquiétude à avoir dit-on, avant d'ajouter que
le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy travaille dessus. Il s'agit de
Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale.

Mais beaucoup
s'interrogent donc sur le tempo de ce contrôle. Pourquoi remonter si loin ?
Pourquoi maintenant ? Patrick Devedjian souligne d'ailleurs au passage que
certains postes clefs dans le département sont désormais occupés par des
personnalités proches du pouvoir. Mais comme souvent, la palme de la réaction
la plus virulente revient à Nadine Morano, l'une des gardiennes du temple
sarkozyste. L'ancienne Ministre évoque un cabinet noir à l'Elysée, même si son
existence a été vigoureusement démentie. Elle parle d'un contrôle téléguidé.
Et dénonce l'acharnement dont serait vicitme l'ancien Président. De quoi
entretenir une posture que Nicolas Sarkozy affectionne : la
victimisation.

Nicolas Sarkozy est donc revenu à l'Assemblée aujourd'hui ou
plus précisément dans des locaux de l'Assemblée rue de l'Université. Pas un
mot à la presse. Pas un mot non plus sur ces contrôles de la gestion des
Hauts-de-Seine. L'ancien Président a rendu hommage à Jacques Chaban-Delmas,
dont il revendique en quelque sorte l'héritage.

Il a fait l'éloge de la Nouvelle Société du Premier ministre
de Pompidou. La Nouvelle Société, une réponse à la crise de Mai 68 censée
libérer le pays des archaïsmes, de la lourdeur étatique et des caracans
syndicaux. L'occasion d'évoquer en creux la situation actuelle. L'ancien
chef de l'Etat a d'ailleurs insisté sur les blocages du pays. Aucune référence
directe à la France d'aujourd'hui, mais tous les participants y ont vu un
paralèlle évident. Nicolas Sarkozy a donc rendu hommage à Jacques Chaban
Delmas, dont il a cité à plusieurs reprises le discours de 1969 devant les
députés. Jacques Chaban-Delmas le visionnaire, l'homme de la rupture, de
l'ouverture, du courage politique. Un peu comme s'il parlait de lui à travers
l'ancien Premier ministre. Manière d'entretenir une fois de plus l'hypothèse
d'un retour et d'un recours alors que ses concurrents potentiels à droite
occupent le terrain.

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