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Jeux vidéo. La (trop) Grande Guerre de "Battlefield 1"

À ne montrer de la Première Guerre mondiale que le grand spectacle de l'horreur, "Battlefield 1" oublie l'essentiel : l'Histoire, petite et grande. 

Article rédigé par franceinfo, Jean Zeid
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
scène de guerre dans Battlefield 1 (ELECTRONIC ARTS)

La belle musique et le beau spectacle ! Dans le ciel, une gerbe en forme de boule, trouant l'air d'un feu rouge et rond, quelque chose se rompt, puis le miaulement coléreux des éclats et des balles. (…) Puis le noir se referme. Rumeurs, lueurs, fracas des éclatements, éclairs de départs, sur tout l'horizon déchaîné ! (…) C'est aussi amusant qu'un feu d'artifice et c'est plus réel.” Voilà comment un poilu décrivit les débuts de sa première bataille en 1915 du côté de la Lorraine. Avant de vite déchanter.

Comme lui, le jeu Battlefield 1 du studio suédois DICE n’a gardé des tranchées de l’horreur que le seul divertissement pyrotechnique des premiers secondes. La saga de jeux de tir à la première personne prend en effet pour décor la guerre 14/18.

Un champ de bataille éblouissant

Des chars, des fusils, des chevaux, des avions de chasse, des zeppelins en flamme, Battlefield 1, c’est d’abord un champ de bataille éblouissant techniquement, une qualité visuelle de chaque instant, de chaque rayon de soleil, jusqu’au son des balles, du cliquetis des armes, des semelles dans la boue ou le sable, bref une tuerie qui n’a que peu d’égales.

Justement, c’est là où le bât blesse

Si la mise en scène grandiose rend un hommage vibrant mais parfois lourdingue aux fantassins disparus, aux soldats inconnus, une fois terminées ces épopées tragiques à jouer en solitaire, le véritable champ de bataille s’ouvre en ligne, 64 joueurs s'affrontant simultanément dans une guerre dont on se fiche désormais de savoir si elle est grande ou sale.

Oubliant enfin sa propre nature historique, Battlefield 1 zappe les armées françaises et russes et promet de les incorporer plus tard en version bonus payante. 

"La vie c'est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit" écrivait Céline. Battlefield 1, à jouer sur consoles et PC, c’est tout le contraire. Un petit bout de nuit perdu dans un très grand spectacle déconseillé au moins de 18 ans.

Appréciation : 14/20

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