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Réanimation de patients dans le coma

Une histoire incroyable : celle de quelques rares patients qui peuvent être réanimés après avoir passés d'interminables années dans ce que l'on appelle abusivement un coma... mais qui, dans leur cas, correspond plutôt à un état de conscience minimale.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pour ces patients dont le cerveau a été endommagé souvent après
un accident,  il est devenu impossible ou
presque de communiquer ou de bouger volontairement. Mais pour quelques-uns
d'entre eux, les médecins ont repéré qu'un simple médicament était capable de
les réveiller.

C'est très spectaculaire : 15 minutes après la prise du
traitement, certains de ces patients peuvent se mettre à parler, d'autres
écrivent ou se déplacent. Malheureusement, ce retour à la vie (qui reste
limité) ne dure pas. C'est comme s'ils étaient victime d'un sort qui les
rattrape à mesure que les effets de la molécule se dissipent, les patients regagnent
leur état léthargique initial jusqu'à la prochaine fois.

Contre-emploi

Le médicament en question, c'est le Zolpidem, plus connu
sous le nom de Stilnox, un somnifère. Une nouvelle étude très sérieuse, menée
dans un hôpital américain, vient tout juste de se pencher sur le cas de trois
de ces patients.

L'activité électrique du cerveau endommagé est bien normalisée
par la prise du somnifère. Cette observation vient confirmer celle déjà réalisée
en 2006 par une équipe de neurologues français. Dans cette étude, qui ne
portait que sur une seule patiente, les chercheurs avaient déjà vu que le médicament
provoquait la réactivation d'une zone du cerveau bien connu pour son
implication dans la motivation. En clair, sans son cachet, la patiente butte
sur une absence quasi-totale d'activité cérébrale en lien avec la motivation. Mais
avec le Zolpidem, c'est un peu comme si elle retrouvait enfin les moyens
d'exercer sa propre volonté.

L'action de la molécule

Ce traitement, lorsqu'il fonctionne, ne concerne que des
personnes qui ne sont pas en état végétatif. Dans leur cas, les parties
supérieures du cerveau sont endommagées mais pas détruites. Alors que ces
personnes ont gardé une part de conscience, la plupart du temps, elles n'y ont
pas accès ! Elles sont comme bloquées.

L'une des hypothèses pour expliquer l'action médicament, c'est
qu'il ferait retravailler ensemble différentes parties du cerveau. Il parviendrait
à les reconnecter en réveillant des fibres nerveuses.

Quelques cas seulement

Dans les faits, avec le Zolpidem, c'est la règle du tout ou
rien. Soit cela fonctionne et c'est spectaculaire, soit cela n'agit pas du tout
sur le patient.

Dans les rares services de pointe qui proposent
systématiquement le Stilnox aux patients en état de conscience minimale, le
test se fait en temps réel. On voit très vite si le traitement a des chances
d'agir ou pas.

Pour l'instant, seule une dizaine de patients ont été réanimés
depuis le début des années 2000, après le premier signalement de ressuscitation
paradoxale par un médecin Sud-Africain.

Des chiffres trompeurs

Sur internet ou dans les associations de patients, le récit
de ces miraculés commence à circuler et une sorte de communauté informelle
se créé autour de ces pilules que les anglo-saxons appellent : pilules de
Lazare, en référence au lève toi et marche évangélique.

Résultat, de très nombreux patients, souffrant d'une
altération plus ou moins grave de la conscience, utiliseraient ces pilules pour
revenir à la vie, mais hors de tout contrôle spécifique !

A la différence de la dizaine de cas dûment répertoriée, la
plupart des patients reçoivent officieusement une prescription de la part de
leur médecin de famille. D'autant plus officieusement, qu'aucune agence
sanitaire au monde n'autorise le Zolpidem dans le cas des troubles de
consciences. Partout, l'autorisation de mise sur le marché du médicament se
limite aux troubles du sommeil.

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