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La dépendance aux médicaments sans ordonnance

C'est la face sombre de l'automédication. Sombre parce qu'elle est largement méconnue et parce qu'elle révèle comment la consommation abusive de certains médicaments peut aboutir à une dépendance, le plus souvent à l'insu du consommateur.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

L'usage détourné des médicaments, lorsque l'acheteur
recherche, dès le départ, à mimer l'effet d'une drogue, n'est pas concerné. Le cas évoqué ici est celui de personnes qui ont débutées un traitement pour soulager des douleurs récurrentes
ou une allergie, et qui se retrouvent, malgré elles, prisonnières de ces
substances.

L'étude

Les données sont rares sur le nombre de personnes concernées
et c'est ce qui fait toute la valeur du travail réalisé par l'équipe du
Professeur Anne Roussin, membre du service de Pharmacologie au CHU de Toulouse.

S on étude s'est concentrée sur deux grandes familles de médicaments disponibles
sans ordonnance :

Les antidouleurs, qui contiennent du paracétamol avec de la
codéineLes antihistaminiques à effet sédatif, utilisés pour dormir en cas
d'allergie. Pour entrer en contact avec les utilisateurs, l'équipe a
convaincu 145 pharmaciens de participer à l'étude. A charge pour eux de proposer
un questionnaire sur les habitudes de consommation aux personnes qui se sont présentées
pour acheter spontanément un de ces médicaments et qui en avaient déjà acheté
au moins une fois le mois précédent.

Les résultats

Le mauvais usage et la dépendance sont élevés pour les deux
grandes familles de médicaments. Près des trois quarts des consommateurs
d'antihistaminique, de type Donormyl, en prennent tous les jours et près des deux
tiers en consomment même depuis plus de six mois. Pourtant, la notice stipule
qu'il ne faut pas aller au-delà de cinq jours !

Pour la codéine, plus d'un acheteur sur trois en prend
quotidiennement parfois depuis des années. Pourtant, là encore, il ne faut pas
dépasser 4 à 5 jours d'utilisation sans ordonnance.

Une réelle dépendance

Via leur mode d'action sur le cerveau, certaines substances
psychoactives peuvent provoquer une réelle dépendance. C'est le cas de la
codéine. Elle fait partie de la famille de l'opium et même si c'est un
antalgique plus faible, elle possède donc les mêmes mécanismes d'action que la morphine.
Un fait dont trop peu de consommateurs ont vraiment conscience.

Pour les antihistaminiques, la dépendance est plus
psychologique. C'est la peur de ne pas dormir qui préside à la poursuite de la
consommation.

Les conséquences

Pour les antalgiques contenants de la codéine, le risque est le cercle vicieux car il faut savoir que l'abus de codéine à un effet paradoxal :
il entretient la douleur ! Alors qu'au début, la codéine a pu soulager ces
patients, ils vont finalement continuer à en prendre pour atténuer des douleurs
dont elle est la cause.

Pour la codéine, comme pour les antihistaminiques, l'un des risques,
c'est la perte de vigilance. La prise prolongée augmente le risque d'accidents
de la route ou de la vie quotidienne.

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