"Marguerite" : Catherine Frot chante faux et joue juste
A l'écran, Catherine Frot est en fait une passionnée d'opéra, une bourgeoise qui s'ennuie, que son mari délaisse, que le monde agresse, et qui se rèfugie dans sa passion, qui ne s'entend pas chanter faux, à qui personne n'ose dire la vérité mais dont tout le monde se moque, et qui dans un premier temps est parfaitement exaspérante.
Mais si l'on rit beaucoup dans un premier temps, toute la force du film est ensuite de nous emmener ailleurs ,au plus près de cette femme, de ses failles, d'un manque d'amour qui est peut-être ce qui brise sa voix, de son innocence aussi, et c'est bouleversant. Parce que cette passion, ses illusions, sont aussi une manière pour cette femme de se protéger du monde, une incroyable liberté, une force finalement. Parce que face aux hypocrisies, au cynisme, aux mensonges de ceux qui l'entoure, on se dit que cette femme a beau chanter faux, c'est sans doute elle qui voit juste.
Catherine Frot, qui a refusé tous les rôles qu'on lui proposait au cinéma pendant trois ans pour se réserver pour ce film, le voit d'ailleurs comme une sorte d'ode à l'innocence, une ode intemporelle, un personnage universel finalement, même si le film se passe dans les années 20 :
"La solitude de cette femme, son émerveillement devant la vie, le fait qu'elle ne voit pas le mal ou qu'elle ne veut pas le voir, c'est déchirant. Pour moi, c'est déchirant parce qu'il y a un monde très dur autour d'elle, et qu'avec son innocence et sa pureté, elle a raison à mon avis. L'innocence est troublante, parce que la capacité d'innocence est une force. On peut être consterné par l'innocence, mais , en même temps, elle nous apporte une fraicheur, une liberté, une poésie ."
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