Le sinistre "Condor" aux rencontres d’Arles
Sur le bord d'une route près de La Plata en Argentine, une Dauphine Renault, le pare-brise arrière criblé de balles, sur la chaussée le corps d'une femme dans une flaque de sang. Elle est l'une des 60 000 victimes ou disparus de l'opération Condor. Derrière ce nom de code, l'alliance secrète de six dictatures d'extrême droite: Brésil, Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Bolivie. Pendant plus de dix ans, militaires et policiers ont mis en commun leurs informations, armes, savoir-faire, pour semer la terreur. Aidés par la CIA, des anciens de l'OAS française et des nazis planqués en Amérique du Sud, ils ont enlevé, torturé, assassiné, jeté vivant depuis des avions, tout ce qui ressemblait à un opposant politique. Quand les dictateurs tombent, les démocraties renaissantes ont du mal avec ce passé, cette sale guerre. Le travail de mémoire est peu ou mal fait. João Pina, qui est né en 1980, a pendant 10 ans arpenté les pays de cette alliance diabolique. Il recueille des témoignages, les textes sont poignants, prend des photos des survivants ou de leurs descendants, des lieux de détention et de torture et fouille dans les archives disponibles. Avec son appareil photo, João Pina se bat contre l'amnésie.
L'exposition est au musée de l'Arles antique à Arles, "Condor" c'est aussi un livre aux éditions du sous-sol, avec des récits de témoins et un texte puissant sur le droit des victimes du juge espagnol Baltasar Garzon, le célèbre magistrat qui a traqué le dictateur chilien Augusto Pinochet et d'autres criminels de cette époque.
Les rencontres internationales de la photographie à Arles jusqu'au 25 septembre
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