"Fleur de Cactus" : une irrésistible comédie de boulevard au théâtre Antoine à Paris

Une fantaisie qui s'explique d'abord par le décalage temporel: l 'action se déroule en 1964, l'année de création de cette pièce. Sur scène tout nous ramène à cette année-là. Les costards sont étriqués, les jupes sont courtes, les couleurs vives, les téléphones ont des fils et des cadrans qui tournent...Ensuite,  tout est faux et ça se voit. Faux comptoir, faux mur, fausse porte…Quand on en claque une un peu trop fort, ça bouge. Au début ça surprend. Et puis très vite ça amuse. On comprend surtout que c'est le choix de Michel Fau, le metteur en scène. « J’aime bien quand, au théâtre, on dit qu’on est au théâtre. C’est comme quand on regarde un dessin animé - j’aime beaucoup les dessins animés - on sait que c’est faux mais on y croit ». Et c’est vrai qu’on y croit à ce dessin animé pas réaliste, à cette bande dessinée qui se déroule devant nous, à cette histoire de dingue! Celle de ce dentiste - incarné par Michel Fau - contraint de demander à son assistante - Catherine Frot - de prétendre qu'elle est sa femme. Du grand théâtre de divertissement signé Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, duo inséparables d'auteurs de l'époque – ensemble, ils ont écrit une trentaine de comédies. Michel Fau a pensé à Blake Edwards, à Billy Wilder, Jacques Tati. Résultat sur scène: c'est charmant, romantique, élégant, très drôle.

Et servi par des comédiens remarquables. Michel Fau notamment et Catherine Frot, parfaite dans son rôle de secrétaire faussement coincée. On a l'impression que cette pièce a été écrite pour eux, sur mesure, et pourtant « que c'est périlleux » admet Michel Fau. La sensation d’être « sur un fil, sur un trapèze, ou sur une piste de ski » à toute vitesse avec tout un tas de portes à ne pas louper. "Entre le non jeu et le sur jeu, il y a le jeu » observe le comédien « et il faut le trouver, il faut que ça reste gracieux et évident pour les spectateurs ».

Et ça l’est. Gracieux et évident. On se dit que ce n'est pas par hasard si, à la fin des années 60, « Fleur de Cactus » a été reprise à Broadway par Lauren Bacall, au cinéma par Ingrid Bergman. Riche idée de la ressusciter aujourd'hui.

"Fleur de Cactus" au théâtre Antoine à Paris jusqu'au 21 février.