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Le diesel cancérigène, un rapport de 1983 soigneusement enterré

En 1983, un rapport évoque l'impact nocif du diesel sur la santé et prône un arrêt de l'extension du parc automobile diesel français. Mais ce rapport sera bien rapidement enterré.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 7 juillet 1983. Alors que les Français s’apprêtent à prendre la route des vacances, le professeur André Roussel remet son rapport sobrement intitulé : "Impact médical des pollutions d'origine automobile". Et c’est d’abord le moteur diesel qu’il cible en évoquant un lien entre les particules fines émises et des cancers. Et en conclusion:

Le rapport recommande immédiatement de ne plus augmenter le parc automobile diesel

Le diesel cancérigène dans un rapport de 1983…

A l’époque, la France n’avait pas encore fait le saut dans le diesel. Seuls 5 à 6% des véhicules des particuliers roulaient au diesel ! Et depuis des années, on expliquait que la fumée noire qui sortait des pots d’échappement n’était pas si grave et que le diesel avait le mérite d’émettre nettement moins de CO2 que l’essence.

Et voilà qu’un rapport affirmait que le diesel était cancérigène.

Mais c’est exactement à ce moment-là que les constructeurs automobiles français, et en premier lieu, Peugeot se lancent à corps perdu dans le diesel notamment pour contrer les petites japonaises et en profitant d’un carburant moins cher.

En 1990, le patron de Peugeot, Jacques Calvet n’hésite à utiliser tous les arguments possibles pour promouvoir les véhicules à gazole.

Faut bien voir que le diesel a un coût d'entretien et de carburant beaucoup moins élevé, pollue beaucoup moins qu'un moteur essence sans catalyseur, et pour l'économie nationale, pour la balance du commerce extérieur, consomme moins de carburant.

Dix ans avant les filtres à particules et en prenant soin de ne surtout pas évoquer les oxydes d’azote qui persisteront malgré les filtres, Jacques Calvet peut donc affirmer calmement que le diesel pollue moins.

Avec ces arguments, le rapport Roussel de 1983 a été enterré : les 5% de véhicules particuliers roulant alors au diesel sont devenus 62% aujourd’hui.

Avec un tel parc automobile. La transition sera longue. Très longue.

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