10 septembre 1915 : la naissance du "Canard enchaîné"

C'est ce qu'on appelle une force de la nature . 1,85 m, 34 ans et derrière lui, une expérience de journaliste dans une presse qui l'a déçu. Maurice Maréchal tient la chronique météo au Matin . Avant cela, il écrivait dans la presse d'extrême gauche, notamment La Guerre sociale .

Mais Maurice Maréchal n'en peut plus . Ce qu'il ne supporte plus, c'est cette presse belliqueuse, qui s'est rangée au garde-à-vous quand le clairon a sonné l'heure des combats. Même La Guerre sociale a revêtu la vareuse.

H.P. Grassier, dessinateur de son état, partage ce rejet de "l'Union sacrée" . Plus fantaisiste et farfelu que Maréchal, il a tracé ses croquis dans L'Humanité , de Jaurès. Mais Jaurès n'est plus.

Se retrouvant sur cette base, les deux hommes décident de fonder un journal qui va prendre le contre-pied d'une presse aux ordres, qui ne diffuse que les informations déformées, incomplètes, voire mensongères, venues de l'état-major. Un journal qui maniera l'ironie comme une arme, pour faire grincer quelques dents. Pour cela, ils disposent de 10.000 francs, quelques amis et un appartement. L'idée, au départ, était de l'appeler Le Canard sauvage . Mais finalement, les deux compères conservent le "Canard", mais décident, par ironie, qu'il sera "enchaîné"...