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En un mot. En Amérique, on tue en version XXL

Le mot de l'actu du jour est Floride. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Parkland (Floride), le 15 février, au lendemain de la tuerie qui a fait 17 morts dans un lycée. (MARK WILSON / GETTY IMAGES)

Floride. Mot qui vient d’un conquistador, Juan Ponce de Leon, qui découvre la région au 16e siècle, un jour de Pâques. En Espagne, cette fête s'appelle la Pascua florida, la Pâque fleurie, en référence au dimanche des Rameaux.

Aux États-Unis, à 70 kilomètres de Miami, ce n’est pas la fête du tout, du tout. Une fois encore, une foule de jeunes s’est retrouvée en train de fuir, de courir, de paniquer, face aux assauts armés d’un jeune homme âgé de 19 ans, mercredi 14 février. Le tout dans un lycée. Sur les vidéos, on entend des centaines de cris, on peut lire des milliers de textos envoyés même pendant la tuerie.

Aux États-Unis, tout est grand. Les massacres sont rarement confidentiels. Ça se fait en version originale, on les vit en live et en XXL. Quand on tue, dans un établissement scolaire, on tue beaucoup, beaucoup de gens. Le lycée accueillait plus de 3 000 élèves. Maousse. Les couloirs que les jeunes ont longé pour fuir les balles, jusqu’à perdre haleine, font des kilomètres. Et quand ils prient, ils prient et re-prient. "We were praying, praying, praying", disent-ils en boucle sur CNN.

Le "mal absolu"

Mais quand on cherche à trouver des explications à ces tueries de masses, tueries de dingues…. on touche justement à la dinguerie, ou plutôt aux maladies mentales, psychiques, dont sont atteints de nombreux jeunes. La maladie mentale version américaine toucherait un nombre XXL de personnes en péril. Seules. À l’abandon, d’une société sensée être à la pointe de la civilisation. Et les tweets en disent longs. À peine la scène arrivée, le gouverneur de Floride lâche ces mots, en conférence de presse, à propos du jeune tueur : "C’est le mal absolu". En guise de compréhension, ou de recherche de mots, ou de tact, ou simplement de civisme, ces mots sont d’une bêtise XXL.

Bêtise, ou juste une paresse des mots. Face à une telle tragédie, touchant la jeunesse, c’est un peu léger, pour un gouverneur.   Et surtout sachant le problème lié aux maladies psychiques aux Etats-Unis. En 2017, une enquête, nous a appris que près de 9 millions d’Américains souffrent de troubles psychologiques importants… un record version XXL. Qui s’ajoute à un manque de soins, lié au manque de protection sociale.

En un mot : l’Amérique, ce grand pays, comme on dit, a le privilège des grandes choses. Beaucoup d’armes, énormément de personnes abandonnées, et un méga souci de politique sociale.

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