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En Hongrie, Viktor Orban transfère des biens de l’État vers des fondations privées contrôlées par ses fidèles

Le gouvernement hongrois a créé une trentaine de fondations, dans la culture, le tourisme et surtout l’enseignement supérieur. L’opposition dénonce un hold-up sur la richesse nationale.

Article rédigé par franceinfo - Florence La Bruyère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une conférence de presse, à Budapest, le 1er avril 2021. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

La nouvelle loi est sur le point d’être promulguée et autorise un transfert massif de biens publics vers des fondations contrôlées par des fidèles du Premier ministre Viktor Orban. Ces derniers mois, le gouvernement hongrois a créé une trentaine de fondations, dans la culture, le tourisme et surtout l’enseignement supérieur. Ainsi la plupart des universités ont été transformées en fondations privées.

Ces fondations ont reçu un véritable pactole. D’abord en argent, le gouvernement les a dotées de trois milliards d’euros. C’est énorme, cela représente 2 % du produit intérieur brut (PIB) de la Hongrie. Et puis en nature, l’État leur donne aussi des châteaux, des propriétés foncières. Bref, il s'agit d'un transfert massif de biens publics. Le gouvernement justifie cette opération, car selon lui, il faut repenser le rôle de l'État, et donner plus d’autonomie financière aux universités face aux défis de ce siècle.

"Démolir le peu de démocratie qui reste"

Mais il y a aussi un objectif politique. Dans une interview à la radio publique hongroise, Viktor Orban a dit clairement qu’il ne voulait pas que les universités tombent dans les mains de la gauche hongroise, qui est "contre la nation". Pour lui, c’est une question de souveraineté nationale. C’est sans doute pour cela qu’il a nommé des fidèles à la tête de ces fondations. Des fidèles, nommés à vie !

L’opposition accuse Viktor Orban de bétonner son pouvoir et de bâtir un État parallèle. Dans un an, il y a des législatives. Si l’opposition les gagne, elle n’aura aucun pouvoir de décision dans le domaine de l’enseignement supérieur, comme l’explique Miklos Ligeti, directeur juridique de la section hongroise de l'ONG anti-corruption Transparency International : “Pourquoi diable est-ce que le gouvernement abandonne ses responsabilités en matière d’enseignement, à des fondations privées ? C’est une manière déguisée de démolir le peu de démocratie qui reste dans ce pays". Pour ce juriste, il s’agit d’un hold-up sur les biens de l'État.

Que va décider l'UE ?

Pour l’instant, il n'y a pas de réaction officielle venue de Bruxelles mais le parti de Viktor Orban fait un lobbying intense auprès de la Commission européenne pour faire accepter sa loi sur les fondations. Il faut savoir qu’au cours de la prochaine décennie, l’Union européenne prévoit d’investir massivement dans l’enseignement supérieur. C’est pour cela que le clan d’Orban a pris le contrôle des universités : pour capter ces fonds européens, dénonce l’opposition hongroise.

Il y a aussi le fameux plan de relance post-Covid. Une partie (57 %) est sous forme de prêts à taux bas. Viktor Orban a décidé de renoncer à ces prêts européens, il se contentera des subventions non remboursables). Une manière peut-être d’amadouer la Commission européenne pour qu’elle ferme les yeux sur une loi très controversée.

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