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En direct du monde. En Russie, une loi dépénalise les violences conjugales

En Russie, une nouvelle loi fait beaucoup parler d'elle. Elle requalifie les violences domestiques en infractions civiles, et non pénales. Les auteurs de violences ne risquent plus qu'une amende.

Article rédigé par franceinfo, Caroline Larson
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Manifestante polonaise contre la loi russe autorisant les violences domestiques. "Solidarité avec les femmes russes, stop à la violence domestique !" (ARTUR WIDAK / NURPHOTO)

Le texte est déjà surnommé "la loi des gifles". La loi, proposée et soutenue par les députés du parti Russie unie, le parti du président Poutine, envisage d'alléger les peines prévues pour les auteurs de violences domestiques : elle prévoit une amende de 30 000 roubles, soit un peu moins de 500 euros, alors que la législation actuelle infligeait jusqu’à deux ans de prison aux personnes coupables de violences domestiques.

Une justification paradoxale

D'après les députés favorables à la loi, celle-ci protègera davantage les familles. L’immense majorité des députés russes disent vouloir préserver le droit des parents à punir leurs enfants et, par la même occasion, réduire la capacité de l'État à se mêler de la vie familiale.

L’un d’entre eux, Andrei Issaev, député du parti Russie unie explique que les Russes "ne doivent pas suivre les excès qu’il peut y avoir en Europe de l'Ouest". D'après lui, les enfants européens peuvent facilement "dénoncer leurs parents" auprès des autorités, et certains parents peuvent se voir retirer la garde. 

L’une des principales auteures de la loi, la sénatrice Elena Mizoulina expliquait cette semaine que "si vous giflez votre enfant mal élevé, vous risquez jusqu'à deux ans de prison. Si votre voisin fait de même, ajoute t-elle, il n'aura qu'une amende". Cela justifie, d'après elle, ce changement de législation.

Dans l'autre camp, il y a des organisations de défense des droits de l'homme, des associations qui viennent en aide aux femmes battues opposés au texte. 

Cette loi, c'est l'immunité pour les tyrans

Une directrice d'un centre pour femmes battues

Cette loi n’est pas encore entrée en vigueur. Le Sénat doit encore l’approuver et Vladimir Poutine lui-même devra la promulguer. Les opposants à cette loi, principalement des organisations de défense des droits de l’homme et certaines formations politiques d’opposition, se mobilisent depuis plusieurs semaines, sans grand résultat. Ils estiment que "cette loi accorde surtout l'immunité pour les tyrans domestiques", comme le déplorait notamment la directrice d'un centre de crise pour femmes battues. Des manifestations de soutien aux femmes russes ont également eu lieu dans plusieurs pays.

Selon l'agence nationale statistique russe, près de 50 000 affaires de violences domestiques ont été recensées en 2015, dont plus de 35 000 impliquant des violences contre une femme.

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