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En Cisjordanie, l’épidémie de Covid-19 semble contenue alors qu’elle flambe en Israël

Après un confinement général très strict au printemps et des reconfinements ou couvre-feux ciblés à la fin de l'été, les autorités palestiniennes ont choisi de laisser la vie suivre son cours.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des Palestiniens traversent la frontière avec Isarël pour aller travailler (photo d'illustration). (HAZEM BADER / AFP)

Au sud de Jérusalem, dans le centre-ville d'Hébron, dynamique et plutôt prospère, on cherche les gens qui portent un masque. Ils sont en effet très rares car les autorités ont laissé la vie reprendre son cours après le confinement très strict du printemps et quelques reconfinements ou couvre-feu ciblés à la fin de l'été. En Cisjordanie et à Gaza, on déplore 355 morts du Covid-19 pour 5 millions d'habitants contre 1 806 morts pour 9 millions d'habitants en Israël, où l’épidémie flambe.  

Le docteur Mohamed Rabahi dirige l'hôpital de Dura, à quelques kilomètres de là, et le centre régional pour malades du coronavirus. Il pense que l'immunité collective a été atteinte.

À Hébron je pense qu'on a atteint cette immunité car 65% des habitants ont eu le corona à en croire les tests. Je crois donc que le plus gros de la vague est passé.

Dr Mohamed Rabahi, directeur du centre régional pour malades du Covid-19 

à franceinfo  

Avec une population très jeune, moins fragile et moins sensible au virus, et le soutien des grandes ONG et des Nations unies, le système de santé palestinien a été mis en tension mais a tenu le coup. En raison de l'occupation militaire de la Cisjordanie par Israël, les Palestiniens circulent moins d'une grande ville à l'autre et donc le virus circule moins également. Mais pour Khaled Dodein, le gouverneur adjoint de la région, les échanges de population entre Cisjordanie et Israël restent problématiques. "C'est un grand défi, explique-t-il, car l'Autorité palestinienne n'a pas le plein contrôle de ses frontières, des entrées et des sorties. On ne décide pas qui rentre et qui sort, notamment nos frères arabes israéliens ou bien les Palestiniens qui vont travailler en Israël".  

100 000 Palestiniens ont un permis de travail en Israël. Lors de la première vague de l’épidémie, les trois quarts des malades palestiniens appartenaient à cette catégorie. Mais il est difficile de les empêcher d'aller travailler tant la situation économique et sociale est dure en Cisjordanie. Et les Palestiniens sont à bout, constate Katharina Lange, coordinatrice pour Médecins sans frontières dans le secteur.

Les confinements ont affecté les gens partout dans le monde. La situation économique s'est dégradée. Le corona agit sur nos santés mentales. Et si tu vis dans un contexte déjà très stressant à cause de violences politiques ou de restrictions, bien sûr il faut s'attendre à ce que ça aggrave la situation des gens dans leur vie quotidienne. 

Katharina Lange, coordinatrice MSF

à franceinfo

Selon l'Autorité Palestinienne, l'activité économique a reculé de 68% depuis le début de la pandémie au mois de mars.

Contactée par franceinfo, l'armée israélienne en Cisjordanie affirme que depuis le mois de mai l'Autorité palestinienne ne l'a pas sollicitée pour une quelconque coordination sanitaire pour lutter contre le Covid-19.

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