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En Autriche, le musée de la ville de Vienne collecte les objets du quotidien des habitants, au temps du coronavirus

Plus de 2 000 photos, témoignant notamment de la solitude du confinement ou de la peur de la maladie, ont été transmises par les Viennoises et Viennois. 

Article rédigé par franceinfo, Isaure Hiace - Edité par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des habitants de Vienne (Autriche) regardent, depuis leur fenêtre, un concert donné par des chanteurs accompagnés par un orchestre, lors du confinement, le 30 mai 2020. (JOE KLAMAR / AFP)

Que retiendront les historiens de l'épidémie de coronavirus ? Alors que le Covid-19 fait toujours partie du présent dans une très grande partie du monde, le musée de la ville de Vienne a dores et déjà commencé à faire oeuvre de mémoire. Avec la participation des Viennois et Viennoises, l'institution documente la vie des habitants de la capitale à l'ère du SARS-CoV-2. 

Plus de 2 000 photos collectées

Dès la fin du mois de mars, lorsque la pandémie atteignait son plus haut niveau en Autriche et que le pays était strictement confiné, le musée de la ville de Vienne a lancé un appel aux habitants, leur demandant d’envoyer des photos d’objets symbolisant leur nouveau quotidien au temps du coronavirus. Des photos car, confinement oblige, les Viennois ne pouvaient venir en personne déposer leurs objets au musée. L’idée, bien sûr, est de faire participer la population pour pouvoir documenter en temps réel cette crise et les bouleversements qu’elle a engendrés dans la vie de chacun. 

Le musée a ainsi reçu plus de 2 000 clichés donnant à voir des objets et des situations très diverses. Sur une photo, on voit par exemple une jeune femme fêter son anniversaire seule à une table où les peluches remplacent les convives, une autre représente un banc spécialement aménagé pour laisser un mètre de distance entre les deux sièges, une dernière enfin montre une fausse boite aux lettres dans laquelle les enfants laissent des mots pour leurs grand-parents.

Représenter le virus pour enlever la peur

Matti Bunzl, le directeur du musée, a retenu un objet en particulier : le coronavirus tricoté sous la forme d’une petite boule verte. "Lorsqu’on s’intéresse à d’autres épidémies comme la peste, on se rend compte que les gens se représentaient la peste de manière très abstraite. Or aujourd’hui, nous vivons dans une période où on sait tous plus ou moins à quoi ressemble un virus. Et le fait que quelqu'un ait converti cette image mentale en une petite peluche est très intéressant car en représentant le virus ainsi, on enlève une part de peur."

Les Viennoises et Viennois peuvent encore aujourd’hui envoyer leurs photos avec une légende, la plupart d’entre elles sont visibles sur le site internet du musée. L'institution réfléchit maintenant à collecter les objets les plus intéressants pour les intégrer à sa collection, déjà riche d'un million d'articles. Ces documents personnels auront une place à part, assure Matti Bunzl, le directeur du musée.

L’histoire est souvent racontée par les vainqueurs et lorsqu’on regarde nos collections, on voit qu’on a peu d’informations sur les classes populaires.

Matti Bunzl, directeur du musée de Vienne

à franceinfo

"Sachant cela et sachant que nous avons de manière générale peu de documents sur les crises similaires que Vienne a connues, que ce soit la peste, le choléra ou la grippe de 1918, il était clair pour nous qu’il fallait créer pour les générations futures une collection qui représente Vienne dans sa diversité" , précise le directeur du musée de Vienne. Les objets collectés serviront pour la recherche et d’éventuelles publications mais aussi, bien sûr, pour de futures expositions. 

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