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Au Japon, le gouvernement débordé par l'eau contaminée de la centrale de Fukushima

C’était il y a neuf ans, jour pour jour. En début d’après-midi le 11 mars 2011, un tsunami frappait la côte nord-est du Japon, provoquant la mort de plus de 18.000 personnes et ravageant la centrale nucléaire de Fukushima.

Article rédigé par franceinfo - Yann Rousseau, édité par Frederic Wittner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le site de stockage de l'eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima, le 3 février 2020 (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Neuf ans plus tard, l’immense travail de démantèlement du site se poursuit. Il devrait durer au total 40 ans. Mais les autorités butent en ce moment sur le problème de l’eau contaminée qui s’est accumulée près des réacteurs. Le gouvernement voudrait rejeter progressivement cette eau en mer mais les habitants y sont totalement opposés.

Chaque jour, depuis neuf ans, les ingénieurs doivent refroidir les coeurs des réacteurs qui ont fondu avec des milliers de litres d’eau. Cette eau qui devient radioactive lorsqu’elle passe dans les bâtiments est ensuite pompée pour être retraitée dans deux usines de retraitement construites sur place. Les usines doivent aussi traiter l’eau naturelle qui ravine depuis la colline de la centrale et qui s’infiltre dans les bâtiments des réacteurs. Au total, les ingénieurs ont déjà traité 1,2 million de tonnes d’eau contaminée.

L'eau est traitée, mais n’est pas propre à 100%

Le retraitement permet de supprimer 62 éléments radioactifs. Mais l’eau en contient 63. Le radionucléide qui ne peut être éliminé s’appelle le tritium. Et cette eau chargée en tritium est stockée sur le site de la centrale dans un millier de gigantesques citernes. Mais il n’y a plus de place pour construire de nouvelles citernes. Il faut donc prendre une décision. Le gouvernement voudrait que cette eau soit relâchée progressivement dans l’océan. Les ingénieurs expliquent que c’est ce que font depuis toujours toutes les centrales de la terre. Elles rejettent de l’eau chargée en tritium en mer ou dans les fleuves.

Le gouvernement explique aussi qu’il n’y a pas finalement pas beaucoup de tritium dans ce million de litres d’eau stockée. Il y en a l’équivalent de 16 grammes, ce qui fait 860 térabecquerels. Le complexe de retraitement de la Hague en France rejette lui chaque année plus de 10.000 terabecquerels de tritium en mer. Donc Fukushima voudrait rejetter sur 20 ans, ce que la Hague rejette sur 20 jours.  

La population locale pas vraiment convaincue

Les habitants, qui ont déjà énormément souffert de la catastrophe, n’ont plus confiance dans les discours officiels. Ils voient dans cette solution de rejet en mer une autre pollution radioactive. Les pêcheurs sont aussi très remontés : ils expliquent que les consommateurs boudent déjà leurs produits et qu’un rejet, même minuscule, leur ferait beaucoup de tort. La situation est donc très compliquée. Mais le gouvernement va bientôt devoir trancher.  

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