Erasmus + : prévenir les effets collatéraux du Brexit
"Ne vous inquiétez pas, pour l’instant rien ne change ", peut-on entendre aussi bien du côté des responsables européens qu’universitaires. Certes le Royaume-Uni a choisi de sortir de l’Union européenne, mais "il serait très prématuré d'évaluer à ce stade les conséquences spécifiques dans des domaines politiques spécifiques. Cela doit être étudié le moment venu ", ne cesse de répéter la Commission européenne.
Comprenez: pour les programmes Erasmus + non plus, rien ne changera dans les deux prochaines années. Au mieux. Car c'est le temps prévu par le fameux article 50 du traité de Lisbonne, que le premier ministre sortant David Cameron laisse à son successeur le soin d'actionner. Deux ans pour négocier les conditions du divorce donc de la sortie de l'Union, en attendant celles sur les futures coopérations, en sachant qu'une fois cet "accord de retrait " signé, son entrée en vigueur peut même éventuellement encore être prorogé.
En attendant, la législation européenne et les programmes Erasmus + continuent de s'appliquer
Les si populaires programmes Erasmus, qui célébreront leur 30e anniversaire l'an prochain, appelés Erasmus + depuis qu'ils s'appliquent également aux professeurs, aux apprentis, aux stagiaires et volontaires, y compris aux projets sportifs, sont une opportunité pour plus de 4 millions de personnes. C’est l’un des rares budgets européens qui ne cesse d'augmenter : près de 15 milliards d'euros pour la période 2014-2020.
Le Royaume-Uni fait partie des destinations les plus prisées
La Grande-Bretagne est la quatrième destination la plus populaire pour les étudiants européens et le cinquième pays à envoyer le plus d'étudiants en Europe.
Plus de 27.000 jeunes dont 7000 Français ont été accueillis outre-Manche en 2014 et près de 16.000 jeunes Britanniques sont aller étudier ailleurs. Les universités britanniques sont aussi les premières bénéficiaires des bourses de recherche octroyées par l'UE. En sachant que des pays non membres de l'Union comme la Norvège, l'Islande, le Liechtenstein ou la Turquie font partie des programmes d'échange en participant au budget.
En revanche les programmes avec la Suisse ont été suspendus depuis qu'elle a restreint l'accueil des étrangers et refuse la libre-circulation des personnes avec la Croatie. Berne a mis en place son propre système, une sorte d’Erasmus suisse, entièrement financé par elle-même, qui a tout de même permis 8000 échanges l'an dernier, une solution transitoire qui doit être revue cette année.
Anticiper les problèmes
Le moment venu, ce type d’association pourrait évidemment être envisagé pour le Royaume-Uni. En sachant que ses universités bénéficient pour l’instant des financements européens les plus importants en terme de recherche, et offrent en contrepartie leur prestige et leur formation de qualité à de nombreux Européens.
S’il sort des programmes Erasmus+, les deux parties y perdraient, souligne Jacques Comby, président de la commission des affaires européennes et internationales au sein de la Conférence des présidents d’universités françaises. Sans compter le risque d’une baisse des financements, ou à l’inverse, d’une redistribution qui pourrait profiter à la France.
Les solutions existent, mais pour l'instant l'envie n'y est plus
En attendant que les choses se clarifient, les universités françaises ou allemandes ont décidé de se rapprocher de leurs collègues britanniques pour anticiper les difficultés, qui ne manqueront pas de de poser dès 2018.
Quelle que soit l’issue de ces efforts, le Brexit laissera un goût amer dans la "communauté " Erasmus, où, au-delà du choc, il a été perçu comme "un rejet, par les Britanniques, des étrangers y compris européens" , explique l’étudiante strasbourgeoise Olimpia Cutinelli Rendina, qui vient d’achever une année Erasmus+ en économie et gestion à l’université de Durham. Une expérience unique et enrichissante, une immersion dans un système très différent, au prestige reconnu dans toute l’Europe, mais que les étudiants ont aujourd’hui beaucoup moins envie de découvrir.
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