En direct de l'Europe. Le don d’organe, deux approches différentes en Europe
La loi française sur le don d'organe va changer le 1er janvier. Chez nous, le principe est que chacun est un donneur présumé, sauf s'il s'y est opposé de son vivant.
Dans quelques jours, on pourra exprimer son refus sur un site internet dédié. En Europe, deux grandes tendances s’opposent sur le don d’organe.
Le consentement présumé
En France, le don d’organe correspond à l’adage "Qui ne dit mot consent". C’est l’une des grandes tendances européennes : le consentement présumé. Nous sommes tous donneurs, sauf si on a dit non. Même si dans les faits, on consulte quand même toujours les proches. L’Autriche, la Croatie, le Portugal, l’Espagne ou encore la Belgique.
La Belgique, où il y a deux registres où l'on peut s'inscrire, un registre du refus comme en France, mais aussi un registre du consentement. Même s'ils ne sont utilisés que par une minorité de la population, le système reste très efficace, selon Marie-Hélène Delbouille, coordinatrice de transplantation au CHU de Liège :
"Si le médecin sait que le patient était inscrit en opposition, il ne va même pas en parler à la famille. Il ne pourra pas faire de prélèvement. S'il sait que la personne est inscrite comme donneur potentiel, il préviendra la famille mais il n’y aura pas de possibilité de s’y opposer, car c’est l’équivalent d’un testament de vie. Et si, dans la majorité des cas, la personne n’est pas inscrite au registre national, on va aborder la famille en expliquant qu’elle ne s’est pas opposée de manière formelle, et on demandera aux proches s’ils savent ce qu’elle pensait du don d’organe."
Ce système du consentement présumé est celui qui fonctionne le mieux. L’Espagne et la Belgique font d’ailleurs partie des premiers pays d’Europe, voir du monde, en termes de don d’organe et de greffe.
Le consentement explicite élargi
La deuxième tendance, appliquée en Allemagne, au Royaume Uni ou encore en Suisse, est le consentement explicite élargi : personne n'est donneur, sauf celui qui a dit oui. Si vous n'avez pas exprimé de position de votre vivant, le choix reposera sur vos proches qui devront décider à votre place. La nuance paraît subtile mais les résultats sont beaucoup moins bons.
En Suisse, par exemple, plus de la moitié des familles refusent le don, ce que déplore le docteur Franz Immer, directeur de Swisstransplant, la fondation nationale suisse pour le don d'organe et la transplantation : "Avec ce modèle, on est dépendant des proches. Aujourd’hui, ils doivent dire hâtivement s’ils donnent le consentement en tenant compte de l’avis du défunt. Swisstransplant est favorable au consentement présumé, parce que la famille est plus soulagée, et que la responsabilité reste en principe du côté de la personne décédée".
Franz Immer aimerait voir la loi changer en Suisse. En attendant, des mesures ont été adoptées, comme la carte de donneur électronique via une application smartphone, qui a une valeur légale, contrairement à la carte française.
Chaque pays adapte sa législation
Mais il faut quand même rappeler que 4 000 personnes meurent chaque année en Europe parce qu'elles n'ont pas pu être greffées à temps.
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