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Cinéma week-end. Le livre qui raconte la vraie agence derrière la série "10%"

Les salles de cinéma sont toujours fermées, un livre nous emporte dans cet univers "Artmédia, une histoire du cinéma français". Thierry Fiorile reçoit les auteurs: Dominique Besnehard, le producteur de la série 10% et la journaliste Nedjma Van Egmond.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nedjma Van Egmond et Dominique Besnehard (Hannah Assouline)

"Artmédia, une histoire du cinéma français" aux éditions de l'Observatoire, sort mercredi prochain, coécrit par Dominique Besnehard, producteur de  10%, ancien pilier de l'agence qui a inspiré la série et la journaliste Nedjma Van Egmond.

franceinfo : Artmédia est créée en 1970 par Gérard Lebovici, sa vie est un film…  

Dominique  Besnehard : C'est un personnage qui avait de multiples facettes, peu de gens m'impressionnent, mais lui m'a impressionné. Il a su faire d’Artmédia, la première agence d'Europe sur le modèle américain. En prenant 10% sur les gens et en même temps, en permettant aux créateurs, aux acteurs d'avoir 10% à vie sur leurs films. Parce qu'avant, quand vous voyez les contrats de Verneuil, ils ont dix pages, ils cèdent leurs droits et après, sur les ventes ils n'avaient pas tout ça. Lebovici, lui, il a inventé ça.  

Mais il meurt dans des conditions tragiques, vous avez mené l'enquête ? 

Nedjma Van Egmond : Il est mort, assassiné dans un parking. Il est parti à un mystérieux rendez-vous de son bureau. On l'a retrouvé deux jours plus tard, avec quatre balles dans la nuque. Et après sept ans d'enquête, l'affaire a été classée. On n'a jamais su qui l’avait tué. Il a un destin extrêmement romanesque, fils de déporté, il rêvait d'être acteur, mais il était trop pressé, il n'avait pas le temps d'attendre que le succès arrive. Sur les conseils de Berri, il est devenu agent et aussi éditeur. Il édite Guy Debord, les situationnistes, c'est aussi un grand admirateur de Jacques Mesrine. Et donc, y a tout un tas d'hypothèses qui circulent autour de sa mort. Et tout le monde a son avis sur la question. Mais personne n'a jamais réussi à trancher, l'affaire a été classée sans suite.  

Malgré cette tragédie, l'agence continue. Il y a des films qui se font grâce à Artmédia qui innove dans le cinéma ? 

Nedjma Van Egmond : Effectivement, Lebovici et Jean-Louis Livi à sa suite, ont été les premiers à imaginer un film comme un tout. A prendre en compte tout ce qui faisait la richesse d'un film, c'est à dire plus seulement défendre les intérêts des stars et porter les valises des stars, mais penser aussi auteur, penser scénaristes et réalisateurs et penser production de films. Artmédia a aussi poussé les acteurs à devenir producteurs de leurs propres films.  

Artmédia c’est une saga, il y a des hauts et des bas…et une chute  

Dominique  Besnehard : Je suis rentré chez Artmédia en 1985, j’en suis parti en 2006. Je n’avais de comptes à rendre à personne, peut-être des comptes sur mes notes de frais… Personne ne m'a empêché de représenter quelqu'un. Il y avait des gens qui attendaient en bas d’Artmédia des heures pour me donner leur photo, pour me donner leur script, j'avais à côté Claude François. J'avais les fans qui m'attendaient ! Après mon départ les choses se sont désorganisées, il y avait des clans, comme dans toutes les entreprises. Après mon départ ça a continué quand même un certain temps. Mais après, c'est normal que quand on est un jeune agent, quand on amène Kad Merad ou Cécile de France et que les résultats sont là, on attend des récompenses financières.  

En faire une série, c’était évident ?  

Dominique  Besnehard:  Ce n'était pas gagné parce que les gens se disaient que ça n'intéresserait personne, pas la France profonde, que ce n’était que des histoires de nantis. Donc, le côté règle du jeu de Renoir, ils ne le voyaient pas. Mais bon, heureusement qu'il y a eu FranceTélévision qui est venue, on l'a fait. La différence, c'est que la série, elle, est plus ancrée vraiment dans les années 2000 - 2020. Le Artmédia auquel j'ai participé, c'était plus vraiment un film de Claude Sautet ou un film de Clouzot. A l'époque, on n'avait presque pas la peine de faire un contrat, on se tapait dans la main, ça, tout ça, je l'ai vécu, comme on dit chez les voyous, le code d'honneur. Maintenant, c'est devenu plus difficile. Les artistes étaient plus fidèles, les gens ne se quittaient pas comme ça. Aujourd’hui si pendant six mois il ne se passe rien, l’acteur s’en va !   

Nedjma Van Egmond : Jean-Louis Livi aujourd'hui, à 80 ans. Il a produit 75 films et il vous dit encore quand il vous parle de Romy Schneider, "je dinais avec elle et j'étais impressionné d'avoir cette femme à ma table". Voilà, c'est lui. C'est Josette Arrigoni qui vous dit, "quand on faisait des pots de départ, Jean-Paul passait une tête, Gérard passait une tête", donc Jean-Paul Belmondo, Gérard Depardieu. Elle trouvait ça formidable. Vous avez Céline Kamina qui vous dit "c'est vrai que quand Dominique faisait des Fêtes, on avait tous les plus grands noms du cinéma français et on se disait mais si quelqu'un met une bombe, on perd tous les acteurs du cinéma français !" 

Artmédia, une histoire du cinéma français

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