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Chroniques du ciel. Pompiers du ciel sur Notre-Dame

Les moyens aériens pouvaient-ils sauver Notre-Dame de Paris ?

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des pompiers observent l'intervention de leurs collègues, le 15 avril 2019, à Notre-Dame de Paris. (DENIS MEYER / HANS LUCAS / AFP)

L’idée d’envoyer des avions bombardiers pour éteindre l'incendie qui ravageait Notre-Dame de Paris avait été très rapidement été lancée par Donald Trump, le Président des Etats-Unis.

Une idée totalement saugrenue pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce les avions de la Sécurité Civile sont basés dans le sud de la France à Nîmes dans le Gard. Entre le déclenchement de l'alerte, leur mise en oeuvre et la durée du vol, un Canadair serait arrivé sur la capitale, bien après la nuit aéronautique, aux alentours de 21 heures lundi dernier.

Ensuite, il faut savoir que l’efficacité du largage d’un bombardier d’eau réside avant tout, dans l’énergie cinétique de la masse d’eau, de sa puissance, qui va souffler les flammes avant que l’eau ne commence même à les refroidir. Un largage de six tonnes d'eau, la capacité d'un Canadair, n'aurait eu pour effet que de fragiliser ou de détruire la voûte de la cathédrale.

Ajoutons le risque de projection des débris et celui d’étendre l’incendie aux bâtiments avoisinants. Nous n’évoquerons pas plus la présence des pompiers qu’il aurait fallu évacuer, la faible surface de la cible, les obstacles aériens, et la nuit.

Toutefois, Au cours de leurs histoires, des avions de lutte anti-incendies sont déjà intervenus sur des feux industriels, sur des bâtiments, ou des véhicules en flamme sur l'autoroute, mais jamais sur des bâtiments historiques.

Existe-il une hydrobase pour écoper en région parisienne ? La réponse est oui, elle est située dans les Yvelines vers les Mureaux, sur la Seine, mais est en sommeil depuis plusieurs années.

Des questions ont aussi été posées sur une intervention d'hélicoptères bombardiers d’eau (HBE). Si la Sécurité Civile dispose de deux EC-145 Dragon à Issy-les-Moulineaux, ils ne sont pas équipés de dispositif de largage d’eau. Cela ne fait pas partie de leurs missions.

Les hélicoptères bombardiers d'eau en France relèvent d’entreprises privées sous contrat avec les conseils généraux des départements du sud de la France pour des mises à disposition saisonnières.

Un hélicoptère aurait rencontré les mêmes difficultés qu'un Canadair, qu'un Tracker ou qu'un Dash 8, avec le risque supplémentaire d'attiser les flammes avec le souffle du Rotor. Reste le cas d'un hélicoptère équipé d’un canon à eau. Ce type de machine existe, mais n'est pas disponible en Europe.

Si les moyens aériens d’intervention n’ont donc, de façon tout à fait justifiée, pas été engagés sur le sinistre, des drones légers ont été utilisés pour l'observation.

Il ne fait guère de doute que ces appareils munis de caméras thermiques vont jouer un rôle essentiel dans les opérations à venir, pour localiser, aider à traiter les foyers résiduels et dresser un état des lieux des dégâts. De nombreux projets, sont actuellement à l'étude ou en cours d'expérimentation.

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