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"Don’t look up", "Baron noir", "The West wing" : quand la fiction inspire les politiques

Les références à des fictions sont déjà légion dans cette campagne présidentielle 2022, à l’image d’une "netflixisation" de la politique, amorcée il y a quelques années déjà.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Kad Merad (Philippe Rickwaert), François Morel (Vidal) dans Baron Noir Saison 3 (Aurélien Faidy / KWAI / CANAL+)

Dans la campagne présidentielle 2022, la plateforme de streaming vidéos Netflix est la grande invitée surprise. Pour leurs affiches, leurs slogans, les codes graphiques, plusieurs candidats comme Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et les équipes d'Emmanuel Macron s'en inspirent directement avec la conviction que la fiction sert la politique, car elle aiderait à réunir le peuple spectateur autour de références communes.

Nous sommes donc en plein dans la théorie de l'hégémonie culturelle, développée par l'intellectuel italien Antonio Gramsci il y a un siècle : pour accéder au pouvoir, il faut d'abord gagner la bataille de l'opinion publique, la bataille culturelle. Mais comment la fiction s'est-elle invitée dans la bataille électorale ? Qui s'en sert le plus en 2022 ? Pourquoi le politique en a-t-il besoin ? Et quels risques prend-il à s'éloigner ainsi de la réalité ?  

"Don’t look up" de Netflix chez les Verts, "Baron noir" pour la primaire populaire

 

Le candidat d'EELV à l'élection présidentielle Yannick Jadot ne jure ces derniers temps que par Don't look up, le film à succès de Netflix. Au Parlement européen à Strasbourg le 19 janvier dernier, il a étrillé Emmanuel Macron en lui reprochant d'être le président de "l'inaction climatique" et en le comparant à Meryl Streep qui, dans le film, joue le rôle de la présidente des Etats-Unis qui refuse de voir qu'une météorite fonce droit sur la terre et va la détruire.

Netflix est la référence phare de cette campagne 2022 : en septembre, Marine Le Pen a dévoilé un nouveau logo largement inspiré de celui de la plateforme, les "Jeunes Insoumis" proposent eux la série de "l'union populaire", le nouveau nom du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, avec un épisode par semaine, et les "Jeunes avec Macron" ont dégainé à la rentrée une série d'affiches où l'on pouvait lire "5 ans de plus", accompagnée d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux largement inspirée des codes de la plateforme.  

Quant à la Primaire populaire, pour inciter les gens à s'inscrire elle est allée jusqu'à faire appel à l'actrice de Baron noir Anna Mouglalis, qui a rejoué le rôle de présidente qu'elle a avait dans la série de Canal+, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.  

La fiction inspire le politique, et vice-versa

Mais avant Netflix, il y avait déjà des séries politiques. Le point de bascule peut se situer à peu près au début des années 2000 avec une fiction qui s'est carrément invitée dans le débat public aux Etats-Unis. La série The West Wing, A la maison blanche pour le titre en français, a été diffusée de 1999 à 2006. On y découvrait les coulisses du pouvoir en suivant la vie d'un président démocrates et ses conseillers, installés dans l'aile ouest du palais. Une fiction collant au plus près possible de la réalité du pouvoir, qui a par la suite largement influencé les milieux politiques américains, mais pas que.  

Mathieu Sapin est l’invité de ce nouvel épisode. Auteur de BD, dessinateur, réalisateur, il a déjà croqué la campagne de François Hollande et pour 2022, est le chef d’orchestre de Carnets de campagne qui sortira le 10 mai prochain. 

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