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Jean-Louis Tripp fait son deuil

Quarante-cinq ans après les faits, Jean-Louis Tripp raconte dans un long et poignant récit en bande dessinée la mort de son jeune frère, un jour de l'été 1976. 

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
AU NOM DU FRERE (JEAN-LOUIS TRIPP, CASTERMAN)

Quand on rencontre Jean-Louis Tripp à l’occasion de la sortie de son nouveau livre, on ne peut s’empêcher de lui dire : "Toutes mes condoléances". Son deuil date pourtant de 1976.

Au plus près de la douleur

Il a fallu au dessinateur 46 ans pour raconter en images la mort de son petit frère, fauché par chauffard alors qu’il le tenait par la main, en vacances, sur le bord d’une route de Bretagne. Gilles avait 11 ans. Jean-Louis en avait 18. Le garçon qui conduisait, mal et trop vite, pratiquement le même âge.

Sur la couverture du Petit frère, l’éditeur a écrit : un récit universel sur la mort d’un proche. Non. Le récit est on ne peut plus intime. Jean-Louis Tripp a pris soin de rester au plus près de cette douleur singulière, de montrer le plus fidèlement possible sa famille ravagée par le chagrin, de retrouver au fond des mémoires l’exactitude des lieux et des moments traversés, les regards noyés, l’hébétude qui vous anéantit. Tout pourrait tenir en quelques mots : un accident, le deuil, le temps qui passe. Tripp étire les émotions sur plus de 330 pages.

"J'ai l’impression que je travaille comme un chirurgien. Ce qui m’intéresse, c’est d’ouvrir et d’aller farfouiller à l’intérieur au plus profond pour voir de quoi c’est fait."

Jean-Louis Tripp

La douleur est à ce point indicible qu’au milieu du livre, entre la veillée mortuaire dans la maison familiale et le cimetière où se serrent les proches, les amis, les voisins, une cinquantaine de pages se passent de mots. Les images suffisent. Pourtant nul voyeurisme à la lecture du Petit frère. Mais une profonde compassion, un sentiment rarement éprouvé quand on lit une bande dessinée.

"Je veux raconter ce qui nous construit. J’ai parlé de sexualité. Là, je parle de deuil. Mon prochain livre sera sur l’enfance autour de la figure de mon père. Cela fait un tout."

Jean-Louis Tripp

 Le Petit frère, aux éditions Casterman.

Jean-Louis Tripp sera le week-end prochain à Lyon BD où il se racontera samedi matin au théâtre des Célestins. Avec, également en tête d’affiche, Wilfrid Lupano, l’Allemand Ralph König, Aurélie Neyret, Chloé Cruchaudet, et encore une masterclass de l’Italien Zerocalcare ou un concert dessiné de Boulet.

Lyon BD, les 11 et 12 juin 2022.

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